Dans « Fogo » acoustique (1e partie) le quartet improvise une musique minimaliste où chaque son est le fruit d’une recherche inventive et d’une inspiration subtile.

Dans la 2e partie, « Fogo » branche les micros et les amplis pour se déchaîner dans des chansons rock effrénées où la voix d’Isabelle Duthoit explose toutes les techniques vocales connues et où Di Do s’éclate à la batterie comme quand, à 12 ans, il mettait un 45 tours et tapait sur les chaises et les casseroles de la maison.

Éric Brochard, le plus jeune, est né en Vendée et a commencé dans des groupes trad. Guillaume Roy, né dans la région parisienne, a eu une solide formation classique et contemporaine. Jean-Luc Cappozzo, l’aîné, a été initié à la musique d’harmonie dans son Belfort natal. Pour chacun d’eux, 2002 semble avoir été une année charnière marquée par un engagement plus affirmé dans l’improvisation libre et la recherche d’un langage plus personnel et, le moins qu’on puisse dire, c’est que depuis, ils vont beaucoup mieux.

Le fougueux Suédois qui s’est inventé une manière personnelle très impressionnante de jouer du saxophone (qu’on a entendu auprès de Ken Vandermark, Peter Brötzmann, Barry Guy ou Joe McPhee) et ses amis norvégiens rendent un hommage free rock écorché et furieusement garage aux géants de la New Thing que furent Albert Ayler, Ornette Coleman, Don Cherry ou Peter Brötzmann. Indispensable séance de rattrapage pour ceux qui les ont ratés à NPAI.

Comment ne pas penser à Charles Ives, à Kurt Weill, à Charlie Haden, à Carla Bley, à Don Cherry ? À leurs hymnes populaires et à leurs chants martiaux ? Belles phrases lyriques sur des palpitations bruitistes, matières stratifiées qui se brisent en rythmes chaotiques, moments suspendus entre une cacophonie multicolore et une déflagration cosmique, fourmillements habités de cris, de souffles, de gémissements… Dans la grande lignée des Lousadzak.

Jazz en scènes, un événement national
Depuis 1999 la Fédération des Scènes de Jazz organise cette célébration collective et nationale du jazz et des musiques improvisées. Nous sommes très heureux que, comme d’autres scènes amies de la Fédurock, le Confort Moderne ait choisi de nous rejoindre.

Call the Mexicans
C’est une performance scénique musclée qui mélange, détourne, triture toutes ces musiques qu’on dit actuelles (jazz, rock, métal, dub, bruitisme…) improvisant d’étonnantes ambiances sonores éclaboussées de riffs électriques.

Trio Akchoté-Pauvros-Red
En 1937 Eddie Durham alluma l’ampli de la première guitare électrique. Le blues, la country, le jazz, le rock, la pop et tous les courants actuels s’en sont trouvés bouleversés au point qu’on a pu croire que cet instrument avait été l’objet de tous les fantasmes et subi les derniers outrages. Mais ces trois explorateurs aventureux sont encore capables de nous réserver des surprises. Ils nous emmènent dans un ailleurs hypnotique dont les parfums entêtants de blues, de jazz et de rock ne sont pas près de se dissiper.

Elliott Sharp a étudié la musique avec Morton Feldman et Roswell Rudd (en même temps que l’anthropologie, l’ethnologie, la physique, l’électronique et les mathématiques) et a joué aussi bien avec Derek Bailey qu’avec Fred Frith, le Kronos Quartet ou Nusrat Fateh Ali Khan. On a découvert Franck Vigroux (fan de Schoenberg et de John Lee Hooker) avec Marc Ducret, Noël Akchoté, Hélène Breschand Michel Blanc. Dans leur duo, un  feeling bluesy, intime et viscéral rejoint la logique fascinante de la suite de Fibronacci ou des fractales de Mandelbrot.

666, c’est le nom de la radio caennaise où s’est constitué ce trio d’improvisation post-noise post-indus associant la voix (de la chanteuse, comédienne, musicienne australienne Deborah Lennie-Brisson) et la musique électronique (des inséparables improvisateurs, bidouilleurs poly-instrumentistes Grente et Le Gall). Fidèle à l’esprit farfelu et iconoclaste du « Nihilism Spasm Band » et à la provocation impudente de « Throbbing Gristle », « 666 » propose une musique dansante se moquant joyeusement du bon goût, idéale pour pourrir délicieusement les fêtes de Noël.

Après « In Out », Olivier Batlle propose « Off » (ce qui lui laisse, pour l’avenir, un nombre considérable de possibilités : On, From, To, Here, There, Up, Down, Above, Below, Ahead, Into, and so on). Un trio où le blues, le jazz, le free ou la valse peuvent influencer les compositions (d’Olivier Batlle et de Matthieu Metzger), où un mot, une couleur, une forme musicale ou une structure rythmique peuvent déclencher une improvisation totalement libre (mais toujours soucieuse de construire une belle histoire) par trois touche-à-tout aux multiples talents.

Du ragtime au free, du be-bop à l'avant-garde, ces quatre seniors de l'impro ont côtoyé quelques uns des plus grands du jazz d'aujourd'hui (Shepp, Braxton, McPhee, Gayle, etc.), jouant une sorte de "freebop" qui tient de la jam session, de la conversation à quatre (on pense à Don Cherry, à l'Art Ensemble de Chicago…) aussi inventif qu'énergique, aussi évident qu'époustouflant.

Deux figures incorruptibles et emblématiques de l'impro, lyriques, expressionnistes et radicales, rencontrent deux représentants de la nouvelle génération qui partagent avec leurs aînés un même désir d'explorer les possibilités sonores de leurs instruments et un même engagement physique dans l'écoute et le jeu. La musique comme expression poétique du corps, du cœur et de l'esprit enfin rassemblés.