Carré Bleu a vécu la naissance (magnifique, inoubliable) du duo Léandre/Cappozzo. Depuis, le duo s'est augmenté du batteur Christophe Marguet pour devenir un trio. Au delà des styles, des frontières et des étiquettes, ils prospectent des territoires qui semblent renfermer d'inépuisables gisements de musicalité.

1ère partie : Solo : Charles GAYLE

2ème partie : Quartet : Gayle - Cappozzo, Tchamitchian - Favriou
Pour Charles Gayle, qui fut un élève de Mingus et un pionnier de la New Thing, l'originalité et la marginalité constituent une authentique façon d'être, dans la vie comme dans la musique. Une musique libre, viscérale où s'affrontent les tensions sociales et les tourments de l'individu.

Un concert donné par un tromboniste, un guitariste et un percussionniste ? C'est un peu vrai, mais cela mérite d'être élargi à la multitude d'objets et d'accessoires qu'ils accumulent autour de leurs instruments et à la manière non académique dont ils s'en servent. Non pas pour le plaisir d'accroître la technique instrumentale ou de compliquer la musique. Plutôt pour revenir aux origines, au souffle premier, aux résonances primaires, pour repartir du geste sauvage, ludique, spontané, des sensations brutes.

Solo Padovani / Trio  Pifarély - Boisseau - Groleau
Un préambule de printemps avec la génération des 25-30 ans. C'est Julien Padovani, le plus jeune, qui se jette à l'eau pour son premier solo. L'improvisation est devenue un axe essentiel du travail de ce pianiste inventif, au toucher d'une grande précision, qui s'est formé auprès de Dominique Pifarély, Jany Rouger, Alain Gibert, Philippe Nahon, ou Olivier Benoît. Ce solo constituera pour lui une sorte de rituel de passage vers un avenir aussi plein de promesses que celui de Vincent Boisseau ou Eric Groleau,  solistes, leaders, accompagnateurs, compositeurs, improvisateurs, qui ont déjà fait la preuve des multiples facettes de leur talent : nul doute que les compositions de Dominique Pifarély leur offriront l'occasion de se surpasser.

Concert-événement ! Ce premier concert de l'Ensemble Dédales au grand complet constitue la dernière étape du superbe parcours musical imaginé  par Dominique Pifarély avec les quatre Préambules qui ont jalonné cette saison. C'est aussi le début de l'aventure d'un ensemble permanent de jazz contemporain et de musique improvisée en résidence en Poitou-Charentes. Réunis par la passion de l'improvisation, les neuf musiciens de l'ensemble "Dédales" constituent un collectif à géométrie variable qui s'engage dans une série d'excitants projets musicaux. Il convient de saluer à sa juste mesure la création de cet ensemble où débutants surdoués, talents confirmés et "grosses pointures" (mais les écarts sont loin d'être aussi évidents) proposent une musique conciliant une rigueur exigeante et une liberté jubilatoire.

Christophe Marguet a accompagné de grands noms du swing et du be-bop (Buddy de Franco, Bud Shank, Ted Curson, Alain Jean-Marie…) avant de pratiquer l'improvisation libre (avec Joëlle Léandre et Jean-Luc Cappozzo). Il a toujours choisi (et été choisi par) les meilleurs : Levallet, Watson, Sclavis, Ducret, Kassap, Barthélémy, Akchoté, Lazro, Deschepper, Poulsen, etc. Pour constituer ce nouveau quartet, circulant librement entre écriture et improvisation, il a fait appel à trois chercheurs de sons et de sens, pour lesquels la musique est, comme pour lui, une nécessaire "résistance poétique".

La fougueuse saxophoniste Géraldine Laurent nous a habitués à un be-bop flamboyant qu'elle interprète avec une énergie renversante. Avec (la trop rare) Hélène Labarrière passée par tous les jazz (de Gérard Badini ou Lee Konitz à Marc Ducret ou Sylvain Kassap) et (l'inévitable) Éric Groleau (Johnny Griffin, Maurice Vander, Dominique Pifarély, Louis Sclavis…), elle propose un répertoire qu'elle a écrit pour prolonger er actualiser l'admiration qu'elle porte à Gerry Mulligan, Sonny Rollins ou Ornette Coleman.

PYD Trio
Entouré de Mathieu Metzger, musicien aussi à l’aise avec le death metal le plus violent que sur des compositions de François Rossé, et d’Eric Groleau, un des batteurs les plus en vue de la scène française du moment, Pierre-Yves Desoyer a conçu ce répertoire comme un hommage musical au « Discours de la servitude volontaire » de La Boétie, véritable manifeste libertaire qui, près de cinq siècles plus tard, reste d’une brûlante actualité.
Une certaine simplicité mélodique, de puissants accès free rock, un goût prononcé pour le jazz le plus libre et pour seule contrainte de ne jamais dériver vers les clichés trop souvent attachés à la formule saxophone-basse-batterie.

Le Quartet de Charlène Martin
Suite à une résidence de création chez nos collègues nantais du Pannonica, le quartet de Charlène nous revient armé d’un tout nouveau répertoire autour du thème « des mots, des cris ». Après s’être longtemps affirmée en tant qu’instrumentiste, Charlène renoue ici avec le texte, les mots, leur sens, leur musicalité. Avec ses trois complices admirables de cohésion, Vincent Boisseau à la clarinette, Olivier Benoît à la guitare et Éric Groleau à la batterie, ils ont trouvé le juste équilibre entre composition et improvisation, affirmant un langage musical original et électrisant, une sorte d’ « ImprOpéraContempoRock » où chaque pièce-chanson est imaginée comme un voyage, un paysage à part entière.

L’histoire de Kris Wanders est pour le moins singulière. Dans les années soixante, depuis sa Hollande natale, il fait partie des pionniers de ce qui deviendra la musique improvisée européenne. Partenaire de Fred Van Hove et de Peter Brötzmann (des témoins de l’époque affirment que le jeu de ce dernier doit beaucoup à Wanders), il est aussi membre du Globe Unity Orchestra. Dans les années 70, il part s’installer en Australie, d’où, très vite, il cessera de donner tout signe de vie, à tel point qu’on a longtemps pu le croire disparu... Et l’on ne saurait trop remercier les trois compères qui l’accompagnent ce soir d’avoir mis fin à ce long exil en le ramenant sur les scènes européennes. L’occasion inespérée d’entendre enfin en live la monstrueuse puissance du souffle de ce saxophoniste tonitruant, magnifiquement épaulé par Johannes Bauer, véritable funambule du trombone, Mark Sanders au soutien rythmique aussi implacable qu’inventif et - enfin sur la scène du Carré Bleu ! - l’impressionnant Peter Jacquemyn dont la contrebasse tellurique a accompagné, entre autres, Peter Kowald, Ernst Reijseger, Daunik Lazro, Barre Phillips, Roger Turner, Joëlle Léandre ou Phil Minton.

À écouter : Kris Wanders Unit « On the Edges of Silence » (Label New Market Music, 2004)

Difficile d’éviter d’aligner les superlatifs quand on a affaire à quatre personnages de cette trempe ! En une vingtaine d’année, Ken Vandermark est devenu le catalyseur incontournable de la bouillonnante scène musicale de Chicago. Johannes Bauer, tromboniste génial et inclassable, est sur tous les fronts du jazz et des musiques improvisées depuis la fin des années ’70. Paal Nilsen-Love, batteur-dynamiteur du trio The Thing de Mats Gustaffson, n’a que trente trois ans mais s’impose déjà comme une référence dans le monde du jazz d’avant garde. Tous les trois sont membres du Chicago Tentet de Peter Brotzmann. C’est tout dire… Quant à Thomas Lehn, c’est un véritable bonheur de retrouver ce bidouilleur doux-dingue, sorte de savant fou épileptique qui s’acharne sur un instrument improbable, tout droit sorti de la préhistoire de la lutherie électronique. Bref, un véritable all-star de la scène improvisée internationale qui nous fait l’immense honneur de venir au Carré Bleu pour cette date unique en France.