C'est à l'occasion de Jazz en Scènes en 2000 que Jean-Yves Monjauze avait créé ce trio consacré à l’improvisation totale. Pas de compositions, pas d’écriture, pas de canevas harmonique contraignant, seulement l’émotion de l’instant, l’écoute des partenaires et le désir commun d’inventer ensemble des matières sonores mouvantes, des lignes mélodiques confluentes, des figures rythmiques fluctuantes, tirant du silence des jaillissements de violence ou de douceur, de sensualité ou de colère. Cet espace musical est précisément celui au sommet duquel Daunik Lazro situe son poignant lyrisme. Celui qui fut la tête d'affiche de Jazz en Scènes en 2001, figure essentielle du jazz européen, a accepté de mêler sa voix singulière, passionée, délibérément libertaire aux épanchements spontanés du trio Monjauze-Brochard-Favriou.

Carte blanche au CFMI
Les 18 musiciens du CFMI présentent un travail mené sous la direction de Dominique Pifarély.

Trio Pifarély - Cappozzo - Courtois
Pour Dominique Pifarély, le jazz et l'improvisation ne sont pas des styles ou des langages qu'il convient de reproduire ou de prolonger, mais ils doivent être considérés comme des processus permettant de construire d'autres discours musicaux. Il s'agit d'une attitude par rapport à la création, d'un engagement dans l'affirmation d'un propos, de la prise de risque que suppose l'approche de terres inconnues, avec, pour seuls garde-fous, les contraintes qu'on s'impose, le regard critique qu'on porte en permanence sur son propre travail, et l'expérience qu'on a acquise au fil des rencontres avec d'autres improvisateurs. La rencontre entre ces trois-là, qui comptent parmi les meilleurs spécialistes de leurs instruments, était assez imprévisible, notamment à cause de l'enjeu qui consiste à intégrer la trompette à deux cordes depuis longtemps complices. Ces trois grands musiciens que Louis Sclavis invita tour à tour à jouer avec son trio à Carré Bleu en février 2000, ont suffisamment de qualités communes (créativité, respect des autres, générosité...) pour faire de cette soirée un moment inoubliable.

Cet étonnant trio, découvert au festival de Mulhouse, apporte une réponse convaincante aux interrogations que se posent aujourd'hui de nombreux improvisateurs dans toute l'Europe, au Japon et même aux Etats-Unis où certains musiciens explorent les à-côtés des codes traditionnels et historiques du jazz américain. Un groupe peut-il échapper aux schémas leader/sidemen, soliste/accompagnateurs ? Comment bouleverser la hiérachie figée des rôles impartis aux différents instruments ? Comment construire un discours musical cohérent en évitant la familiarité complaisante de la mélodie "reconnaissable" et des habituelles et tellement prévisibles variations sur le thème? Ici, ce qui compte, c'est l'enchaînement et l'enchevêtrement des sons, l'exploration de techniques instrumentales inusitées et la maîtrise des "bruits" qu'elles autorisent (souffle continu, multisons, microsons, infrasons, vibrations, grognements, sifflements, etc.) et, bien sûr, la création collective. Un événement sonore qui n'exige de l'auditeur aucune autre aptitude que celle d'ouvrir ses oreilles et de s'abandonner à ce qui se passe.
A écouter : The Contest of Pleasures (Potlatch)

Entre son premier quartet à Carré Bleu en janvier 98, et ses participations aux festivals du Mans, de Nevers, de Parthenay, dans le Large Ensemble de Sylvain Kassap, on a entendu Eric Brochard au sein d’une quinzaine de formations, avec une quarantaine de musiciens (parmi lesquels Claude Tchamitchian, Evan Parker, Dominique Pifarély, François Raulin, Ramon Lopez, Denis Colin, Didier Petit, Scott Rosenberg, etc.). Outre sa complicité régulière avec Eric Groleau, il s’oriente résolument vers les rencontres improvisées, ludiques, aventureuses, cherchant, dans l’exploration des timbres et la construction d’architectures sonores, à associer l’énergie d’improvisation du jazz et les innovations de la musique contemporaine. Après son passionnant trio avec Jean-Luc Guionnet et Edward Perrault, il propose ce quartet de chambre volontiers perturbateur réunissant des compositeurs improvisateurs : Guillaume Roy (Ensemble Aleph, Laborintus, quator Ixi…), Hassse Poulsen (Sound of Choice, Kassap Large Ensemble, Phil Minton, Joëlle Léandre…) et Xavier Garcia (L’Effet Vapeur, La Marmite Infernale, Kassap Large Ensemble, 32 janvier…), aussi rompus aux aventures les plus déjantées aux écritures expérimentales les plus exigeantes.

Chaque année, au sein de l'Université de Poitiers, le Centre de Formation de Musiciens Intervenants prépare de nouveaux musiciens/enseignants qui partiront dans les écoles pour aider les instituteurs à enseigner la musique. Qu'il s'agisse de musique contemporaine, de jazz et d'improvisation, de musique classique ou de musiques traditionnelles, les futurs "dumistes" travaillent l'interprétation et la création sous la direction de personnalités confirmées comme Philippe Nahon, chef d'orchestre le l'Ensemble Ars Nova, Alain Gibert de l'ARFI, ou Dominique Pifarély. C'est le résultat de deux années de travail que présentent les onze musiciens de cette promotion, à l'occasion de ce concert publique qui se déroulera en présence d'un jury puisqu'il constituera, en même temps, les épreuves musicales de leur diplôme.

Interpréter de la musique
Travail encadré par  Philippe Nahon, Alain Gibert, Christophe Vuillemin

Inventer de la musique
Travail encadré par  Dominique Pifarély

Le mélange hypnotique de free-jazz, d'ambiant, de noise et d'expérimentation underground du groupe américain Jackie O Motherfucker, les improvisations de cuivres et de cordes sur les rythmiques répétitives du groupe anglais Volcano The Bear, deux propositions de l'aventureux label parisien Textile Records.

En 1993, le grand Alan Silva (compagnon d'Albert Ayler, Cecil Taylor ou Sun Ra) a repris les claviers pour constituer "The tradition trio" avec deux fantastiques improvisateurs : Johannes Bauer et Roger Turner, pour enregistrer un cd chez "In Situ. Le trio se reconstitua huit ans plus tard pour le festival de Mulhouse. Ce fut un choc. L'atypique ténor marocain Abdelhaï Bennani se joint à eux pour une rencontre hors du commun.

Depuis plus de quinze ans, ces quatre new-yorkais participent à des aventures très diverses, du post bop au free et aux expériences les plus novatrices, l'un avec Anthony Braxton, Kenny Barron ou Chico Hamilton, un autre avec Dave Douglas, Mark Feldman ou Gerry Hemingway, un autre avec Jack de Johnette, Ahmad Jamal ou Bill Frisell, l'autre avec Tim Berne, John Zorn ou Charlie Haden. Depuis quinze ans, ils écrivent ensemble la suite de l'histoire du jazz avec autant de respect que de provocation.

MOB, ça veut dire : la Musique d'Ornette est Belle. Pour qui en douterait encore, ce quartet reprend les plus beaux thème de ce précurseur génial que reste Ornette Coleman avec un bel enthousiasme et un soupçon d'humour communicatifs. 
"C'est plus qu'un hommage, écrit Francis Marmande dans Le Monde : une sorte de pensée active, de mouvement, de promesse..."

Depuis le temps qu'ils jouent ensemble (Bleu Claire, Inconscient Collectif, l’Œuf, Jean-Yves Monjauze Trio...), ils ont accumulé des tas de choses qui ne peuvent se dire que seul, au piano, ou à deux, aux clarinettes et à la batterie, qui viendront nourrir leurs conversations à trois, et avec ceux qui viendront s'y joindre.