Depuis qu’il vit en France, Hasse Poulsen participe à de nombreux groupes avec Joëlle Léandre, Marc Ducret, François Merville, Christophe Marguet ou Sylvain Kassap, tout en travaillant avec les finlandais Teppo Hauta-Aho ou Jari Hongisto, les anglais Phil Minton ou Barry Guy, les allemands Peter Brötzmann ou Markus Stockhausen. Mais depuis 1991, il n’a jamais cessé d’approfondir le travail entrepris avec ses complices danois au sein de ce trio. Initié avec l’idée d’introduire l’énergie et l’improvisation du jazz dans la musique contemporaine, "Sound of choice" a évolué vers l’improvisation libre avant d'y réintroduire des éléments plus structurés et de prolonger les instruments par des samplers et des machines électroniques pour inventer une musique sans contraintes, s’abandonner à des improvisations plus ludiques, s’amuser avec les styles... « Nous n’avons rien à poruver, disent-ils, nous jouons notre musique avec le plus de joie et de virtuosité possibles. »
A écouter : Dynamics  (AV-Art records)

C’est l’histoire d’un adolescent de Tel-Aviv qui étudie la guitare, puis le saxophone et la clarinette basse et rêve de jouer avec  ses idoles : Cecil Taylor, William Parker, Rashied Ali.
Souffleur impressionnant, dans la lignée des Rollins, Rivers, Shepp, Coltrane, Ayler, Gayle, il débarque à New-York à 21 ans et réalise son rêve, crée un festival (à but non lucratif) et séduit du même coup toute la nouvelle avant-garde américaine, multipliant les rencontres avec, entre autres, Susie Ibarra, David S. Ware, Rob Brown, Jim Black, Mat Maneri, et l’immense batteur Hamid Drake, pilier incontournable de la vie musicale de Chicago, qu’il a choisi pour constituer ce trio, dont la tournée en Europe est un événement exceptionnel, avec un « monstre » de la contrebasse, l’allemand Peter Kowald, l’un des principaux piliers de l’histoire de la free-music en Europe.
 

Parallèllement à un parcours classique (premier prix de percussion et de musique de chambre au CNR de Paris en 1992 et membre de l'"Intercontemporain" de Pierre Boulez), François Merville s'adonnait au jazz dans les groupes de Jacky Terrasson, David Chevallier, Noël Akchoté, Bojan Z, Michel Portal ou Stéphan Oliva. Il est aujourd'hui le batteur attitré de Louis Sclavis et, comme de plus en plus de batteurs qui sont aussi compositeurs, il a monté son propre groupe (à l'instrumentation inhabituelle) pour interpréter sa musique. Une musique où, dit-il, "je place l'écriture et l'improvisation sur le même plan... Une musique fraîche où priment la liberté, le risque, l'aventure et l'interaction."
A écouter : La Part de l’ombre (Emouvance)

De l'improvisation, du punk décadent, de la musique contemporaine, du jazz destroy, du Coltrane version métal, du Pink Floyd, du chant, de la danse, des happenings : un amas de musiques "inutiles" et sans potentiel commercial latent ; un concert-patchwork d'interventions inclassables qui résistent à toute tentative d'enfermement dans un quelconque genre musical mais qui s'approprient toutes les musiques pour en faire les éléments d'un spectacle imprévisible.
Au cœur de cette mosaïque : le trio Metzger-Brousseau-Dupé (qu'on a entendu en janvier aux côtés de Marc Ducret). Et au cœur de ce trio, Matthieu Metzger, à qui Carré Bleu a confié l'entière responsabilité de cette soirée "déraisonnable", et qui a décidé (puisqu'il faut bien s'imposer quelques contraintes) que ce ne serait ni une bossa-nova, ni un hommage à Magritte, et pas obligatoirement de la musique.

Né à Paris, de la rencontre entre les bougnats auvergnats joueurs de cabrette et les maçons italiens joueurs d'accordéon, le musette a attiré très tôt les guitaristes et violonistes manouches qui avaient découvert le jazz "swing". Ensemble, ils inventèrent un "jazz musette" dont les précurseurs s'appelaient Gus Viseur, Tony Murena ou Jo Privat, perpétué par des Marcel Azzola, Joss Baselli ou Charles Verstraete. Dans les années 80, Francis Varis et Jacques Bolognesi furent, avec Richard Galliano ou Bernard Lubat, de ceux qui renouvelèrent le genre. Le trio qu'ils forment avec le subtil batteur "Tiboum" Guignon atteint des sommets de virtuosité, d'émotion, d'invention, d'intelligence et d'ouverture, aussi brillants sur les standards du jazz que sur les valses ou les biguines auxquels leurs propres compositions apportent une "touche" de liberté très contemporaine. Ils réactualisent, avec un plaisir sensuel presque palpable, un "new musette" plein d'audace, de fantaisie et de délicatesse. De la valse de chez swing, du blues de chez musette...

Lors de la Nuit des Scènes de Jazz 2001, en décembre dernier, Eric Brochard avait invité le saxophoniste Jean-Luc Guionnet et le batteur Edward Perrault, les membres du duo "Calx" qui, ensemble ou séparément, multiplient les aventures musicales les amenant à explorer de nouvelles approches du son et du rythme. Non seulement cette première rencontre, qui se déroula sur le champ infini de l'improvisation, fut une passionnante réussite, mais elle donna naissance à ce trio qui, depuis, continue à se produire en concert et a choisi de revenir à Carré Bleu pour y enregistrer une trace de ses conversations musicales, aussi investigatrices et fructueuses que réjouissantes et sensuelles.

L'ensemble "Vocal Jazz" de Caroline MONAMY, le "Little Big Band" de Christophe BROSSET, le "Jazz Binos" d’Olivier BATLLE, le "Mingus Ensemble" de Gilles LE GAT, le "Trip Bop" de Christophe LIMOUSIN, le "Latin Jazz" de Pascal GACHET, la Fanfare de Nicolas SCHEID, les "Jazz Voices" en trios de Gilles LE GAT, c'est, au total, une cinquantaine de musiciens qui proposent au public le résultat de leur travail de l'année. Sur la scène, au bar et même parfois dehors, Carré Bleu débordera de swing, de bossa-nova, de blues, de chanson, de funk, de be-bop, de salsa, de jazz-rock, de cha-cha-cha, de standards du jazz et de musiques de fanfares festives.

Le poète Jacques Réda, collaborateur de Jazz Magazine, rédacteur en chef de la NRF, auteur d'ouvrages consacrés au jazz (L'Improviste, Jouer le jeu, Anthologie des musiciens de jazz) a dit, dans ses œuvres littéraires et poétiques (Les ruines de Paris, L'Herbe des talus...), sa passion pour les trains, les gares, les voies ferrées, les gardes-barrières, les voyages et les paysages mouvants qui filent par la fenètre... Le comédien Philippe Faure, lui aussi, aime les trains (qu'il prend régulièrement pour venir jouer ou enseigner à Poitiers) et le jazz (on se souvient de Nuit pâle au palais, avec ses complices Daniel Znyk et, à la contrebasse, Henri Texier). C'est le contrebassiste, Jean-Luc Ponthieux (qu'on entend habituellement aux côtés de Barthélémy, Deschepper, Mahieux, Godard, Matinier, etc.) qui entraîne le public dans ce voyage musical, poétique et ferroviaire où les mots de Jacques Réda et la voix de Philippe Faure se mêlent à sa contrebasse, à l'accordéon de Jacques Bolognesi (le "Bolo" de "Bolovaristiboum") et aux bruits de gares, de trains et de locomotives.

A lire : "Les Ruines de Paris" Jacques Réda (NRF Poésie/Gallimard), et "L'Herbe des talus" Jacques Réda (Gallimard)

Il y a un peu plus de vingt ans, Jean-Pierre Jullian a failli devenir footballeur professionnel. Heureusement, il a entendu John Coltrane à la radio et il a choisi la musique. La musique contemporaine (il obtient une commande d’Etat pour Ministère, créé à l’Opéra de Montpellier), la musique pour la danse (pour les chorégraphes Luc Maubon ou Mitia Fedotenko), le jazz et les musiques improvisées (avec S. Oliva, C. Tchamitchian, C. Tyler, M. Petrucciani, D. Levallet, R. Boni, B. Phillips, D. Lazro, D. Colin...) A partir de 1992, il a composé pour un sextette de super-solistes-improvisateurs cette suite de quatre pièces, au confluent de plusieurs courants : la musique contemporaine (avec une référence à la démarche de Scelsi), les musiques ethniques (indienne, africaine, flamenco) et le jazz (section rythmique, improvisation libre). Dans l’indignation provoquée par les massacres fratricides en Yougoslavie, Ághia triádha évoque la Crète, où les dieux étaient des taureaux, et où le Minotaure était enfermé au fond d’un labyrinthe. Un  chant d’amour et de rage sur des rythmes de jazz ou de flamenco.

A écouter : Ághia triádha (Emouvance-Harmonia Mundi)

Pendant deux jours, à l'initiative du Confort Moderne, le label Rectangle s'installe à Poitiers. Fondé par Noël Akchoté et Quentin Rollet, ce label qui n'obéit qu'à une loi, celle du plaisir, édite des disques surprenants, inclassables, remarquables : Akchoté, "Red", "les Recyclers", David Grubbs, "La Poésie B", Costes, Luigi Trademarq, Lee "Scratch" Perry, etc., et collabore avec l'ARFI, Katerine, Otomo Yoshihide ou Thierry Jousse...
Jeudi 23, à 18h, ce sont les seize allumés de "La Poésie B" (poètes, comédiens, musiciens, travestis, cinéastes...) dont le big band explose entre baluche décalée et funk psychédélique qui mettront le feu au Confort. Carré Bleu a tenu à s'associer à cette manifestation en accueillant les meilleurs improvisateurs de Rectangle (dont certains, comme Noël Akchoté ou Akosh S. y sont déjà venus) pour une soirée atypique représentative d'un courant très actif et novateur des musiques créatives d'aujourd'hui.

A écouter : "Simple Joseph" Noël Akchoté (Rectangle International-Rec-AM2) et MOSQ (Rectangle International-Rec-UEE1)