Si la soirée « Merci Bernard », donnée en hommage en 2007 à celui sans qui plus rien n’est pareil, fut forte en émotions, elle fut aussi l’occasion de retrouver sur scène l’In Out d’Olivier Batlle. Une reformation d’un soir qui donna lieu à une performance intense, qui ne pouvait rester sans suite.
Un temps élargi à d’autres musiciens, puis réduit en trio sous le nom de « Off », ce quartet poitevin historique retrouve ce soir son personnel originel, celui-là même qui avait joué en novembre 2007 pour l’un de nos tout premiers concerts. Tout juste 12 ans plus tard, les quatre protagonistes n’ont rien perdu de ce groove énergique et imparable qui a fait leur signature.
Compositions joyeusement chahutées par un goût prononcé pour le dérapage improvisé, plus ou moins contrôlé, mélodies planantes et soli envoûtants, leur musique flirte avec tous les jazz, s’autorise quelques virées binaires du côté du rock, sans jamais s’interdire aucune autre influence. De Weather Report à l’Afrique, du bop à l’écriture contemporaine, In Out réinvente une musique d’aujourd’hui, sans frontière, forte des parcours éclectiques de ses membres.

En 8 ans, de 1962 à 1970, Albert Ayler aura imposé une voix inouïe, aussi révolutionnaire et radicale que celle de Charlie Parker, aussi déroutante et insolite que celle de Thelonious Monk. Il fut longtemps incompris, sauf par quelques autres génies comme Cecil Taylor, Don Cherry ou John Coltrane. Sublime beauté expressionniste ? "Naïveté" de l'art brut ? Les échos de son cri s'entendent aujourd'hui dans le jeu des plus grands. Depuis le festival du Mans, en 2000, le quartet de Guy Villerd constitué au sein de l'ARFI, rend au grand Albert un hommage joyeux, sincère, poignant.

"Voix elliptiques" : Le Knabenduett invite Claire Bergerault et Edith Gambier

Douze ans déjà que Barbara Tenneguin et Edwige Fouquet conversent au sein du Knabenduett (titre d’une pièce de Stockhausen). Une intimité qu’elles ont décidé d’ouvrir à deux nouvelles recrues, histoire de renouveler leur imaginaire, d’explorer d’autres domaines d’expression et d’inventer avec d’autres comparses.
Toujours à la croisée des musiques contemporaines et de l’improvisation libre, elles ont cette fois choisi de ne retenir que des pièces de François Rossé, dont certaines écrites spécialement pour ce duo.
En partie construit autour des « Voix Elliptiques », une des créations du compositeur à partir de L’Abécédaire de Gilles Deleuze, leur nouveau spectacle mêle allègrement humour et poésie, situations cocasses, voix parlées, chantées et instruments. Le tout mis en scène et en lumières par l’éclairagiste et plasticienne Edith Gambier, et chahuté par l’impressionnante vocaliste (et de plus en plus accordéoniste) Claire Bergerault.
Ensemble, elles dialoguent, discutent, improvisent, en une suite de saynètes où la surprise, l’émotion, l’humour invitent à une écoute très vivante de cette musique dite savante, trop souvent considérée comme cérébrale.

À écouter : « 7 ans de réflexion » (2005) - Label La Malle Bleue. Disponibles aux Mondes du disque.

Pour le 30ème anniversaire des ateliers Syrinx, Gilles Le Gat, guitariste et enseignant pilier de l‘école de musique, a imaginé ces Rencontres Tempo. Soit trois ateliers d’improvisation à destination des élèves de Syrinx, animés par trois éminents musiciens. Pour donner tout son sens à ces rencontres, il a imaginé cette soirée où se succéderont sur scène un groupe d’improvisation composé des élèves ayant participé aux ateliers et un trio réunissant les trois intervenants.

« Formée en 2002 à l’initiative de Guillaume Roy et de Hasse Poulsen, cette association est devenue un trio avec l’arrivée du contrebassiste Bruno Chevillon qui, depuis quelques années, se plait à transgresser (et c’est tant mieux) son image de « gardien du tempo ». Loin de l’orthodoxie classique des trios à cordes avec violoncelle, ce groupe n’est pas non plus un ensemble à cordes « de répertoire », s’investissant avec jouissance dans le bruitisme et l’expérimentation les plus sauvages, à travers l’utilisation virtuose et passionnée de diverses « techniques étendues » astucieuses et d’ustensiles inattendus. Avec finesse et violence, ils investissent les grands espaces et s’insinuent dans les interstices les plus ténus des vibrations en résonance. Au-delà du chaos. »
Gérard Rouy pour Jazz à Mulhouse, 2004.

À écouter : « Une certaine forme de politesse » (2010, Label Quark Records).
Disponible sur www.quarkrecords.com.

Ancien élève de la Royal Academy of Music de Londres, Tony Hymas a accompagné Sinatra, joué avec Tony Coe, Tony Williams, Stanley Clarke, Bill Frisell, Evan Parker, Elvin Jones, Sam Rivers, Jeff Beck ou Michel Doneda, en n'abandonnant ni Brahms, ni Debussy ni la musique contemporaine. C'est à Minneapolis, avec Michel Portal, qu'il a rencontré Jef Lee Johnson, guitariste référence de la nu soul, impressionnant du blues post-hendrixien, au hip-hop. Avec François Corneloup, qu'on ne présente plus, Stockley Williams, le batteur favori de Prince, complète ce quartet exceptionnel ouvert aux multiples interrogations qui traversent les "musiques actuelles".

Après le "Fonda-Stevens Group" puis le "Nu Band Quartet", Joe Fonda revient avec un formidable trio qui réunit deux légendes du jazz : Billy Bang, fondateur du "String Trio Of New York", qui a joué avec Sun Ra, Don Cherry, James Blood Ulmer, Frank Lowe, Dennis Charles, Henry Threadgill ou Marilyn Crispell, et Barry Altschul, compagnon de Paul Bley, Anthony Braxton, Dave Holland, Chick Corea, Alan Silva, Sam Rivers, membre du "Jazz Composer's Guild Orchestra", un monstre incontesté de la batterie depuis plus de tente ans.

Nicolas Lelièvre ne fait pas que maltraiter sa batterie au sein des terroristes de Spoo. Il lui arrive aussi de reprendre sa respiration en compagnie de Guedalia Tazartès, Jean Marc Foltz, ou au sein du Quattrophage. Des projets plus calmes, peut-être, qui sont autant d’occasions de se régaler du jeu hallucinant de ce virtuose encore trop méconnu. Et quand on voit le personnel embarqué dans cette nouvelle aventure, à son initiative, on sent de suite que l’animal a encore beaucoup de choses à nous dire. Sans complexe mais toujours en toute modestie, il a tout simplement choisi la crème de la crème pour son nouveau quartet.
Jean-Luc Cappozzo, lui, on commence à le connaître par ici. Et après plus de vingt concert en nos murs, on attend encore de sa part (sans doute sans espoir) une prestation ne serait-ce que moyenne... Si Carlos Zingaro n’est pas venu nous enchanter depuis 2002, il n’a cessé de prouver depuis qu’il est certainement le violoniste le plus inspiré qui soit au sein de la scène improvisée mondiale. Quant à Jérôme Bourdellon, qui n’avait encore jamais joué à Poitiers, il promène sa flûte depuis bientôt trente ans aux côtés de Joe Mc Phee, Daunik Lazro, Pascal Comelade ou encore Annik Nozati. Excusez du peu... Une instrumentation peu commune, pour une musique qui ne devrait pas l’être beaucoup plus. Forcément improvisée, forcément magnifiquement exécutée. Du tout neuf mais déjà une valeur sûre, quoi...

Ces deux géants furent, dès 1960, des pionniers du free jazz européen (avec, entre autres, Fred Van Hove, Misha Mengelberg, Derek Bailey, Peter Kowald…). Venus du new-orleans ou du dixieland, ils se sont engagés avec passion dans les aventures musicales les plus libres, les plus folles, dont ils n'ont cessé de repousser les limites. Le violent expressionnisme de Brötzmann se fait de plus en plus mélodique ; les gags farfelus de Bennink n'altèrent jamais la puissance et la précision de Bennink. Ils furent des précurseurs, ils n'ont jamais cessé de l'âtre, ils le sont encore.

En 2000, Larry Ochs, saxophoniste emblématique de la scène new-yorkaise et membre fondateur en ’77 du célèbre Rova Saxophone Quartet, forme le Sax and Drumming Core. Un projet pour lequel il s’entoure de deux batteurs (compagnons de route, entre autres, de Cecil Taylor, Wadada Leo Smith, Georges Lewis, Bill Frisell, John Zorn, Primus ou Nina Hagen...) pour enregistrer un concept album inspiré du chant traditionnel, qu’il vienne d’Asie, d’Afrique ou bien de là, du Blues. Deux disques et quelques tournées plus tard, le trio se transforme en quintet suite à la rencontre de deux éminents improvisateurs japonais.
Pas de basse donc dans cette formation, mais deux batteries qui se chargent de dérouler une énorme lame de fond pulsative sur laquelle surfent trois solistes furieusement free. Difficile aujourd’hui de cerner ce qu’il reste de la thématique de départ de ce projet, les chansons traditionnelles, tant l’énergie développée sur scène emporte toute tentative d’analyse. Le cerveau au placard, c’est avec le cœur, les tripes que s’appréhende cette musique imprévisible, sauvagement créative et sans aucun compromis.
 

Jazz en Scènes, un événement national
Dans toute la France, une soixantaine de formations regroupant plus de cent cinquante musiciens participent à un grand festival éclaté ans toutes les salles de la Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées. Chaque salle programme trois groupes : une révélation régionale, un groupe soutenu par un autre club, et une tête d’affiche.

Echelle de Mohs
Les lames de l'accordéon et les cordes vocales de Claire Bergerault sont prêtes à toutes les aventures, les plus risquées, les plus osées, les plus actuelles. Avec le batteur free Fabrice Favriou et le platiniste bruitiste Thomas Tilly, elles vibrent en subtiles et délicates ciselures comme en de violents et impétueux emportements.

Trio Beaumont - Bardaine - Larmight
Ces trois musiciens abordent chacun de leurs concerts comme un moment de leur histoire personnelle à vivre ensemble, une rencontre où laisser s'épancher son chant intérieur en traits romantiques ou rageurs.

Leimgruber - Demierre - Phillips trio
Trois musiciens hors du commun, dans un au-delà de la musique qui échappe à toute tentative de définition, où la maîtrise instrumentale n'impose plus de contraintes, où l'on ne sait plus si c'est la musique qui fait le geste ou le geste qui fait la musique, où l'imprévisible s'installe comme une envoûtante et généreuse évidence pour laisser surgir des flots de poésie, éblouissants, foudroyants.