Voilà près de 20 ans que Leimgruber et Turner se croisent sur scène au sein de différentes formations. Il aura pourtant fallu attendre 2010 pour assister à la naissance de ce duo, réunion au sommet entre deux figures incontournables des musiques libres qui improvisent comme elles respirent.
Plus instinctive chez le batteur - éternel adolescent qui semble s’amuser de tout ce qu’il trouve - cérébrale et presque mathématique chez le saxophoniste, leur approche de la musique diffère mais reste pour l’un comme pour l’autre une pratique aussi vitale que naturelle.
Entre recherche fondamentale et réactivité instinctive, les sons de ces deux orpailleurs sont autant de pépites dorées charriées par un flot continu de notes, un torrent tumultueux et rafraîchissant qui peut s’ouvrir sur une rivière au long cours, paisible, comme disparaître dans les tréfonds d’un gouffre sombre et inquiétant.
Les années passent, les discographies s’allongent (plus d’une centaine d’enregistrements à eux deux), la liste de leurs collaborations ressemble de plus en plus à un who’s who exhaustif des plus brillants improvisateurs internationaux, tout pourrait sembler avoir déjà été dit et joué et pourtant... Comment expliquer ce perpétuel renouvellement, cette remise en question incessante dont continuent à faire preuve ces deux-là ? Le travail mon bon monsieur, forcément, tout ça ne coule pas de source. Mais peut-être aussi, sans doute, certainement, une sacrée dose de génie.

Évoquer la complicité quand on parle d’un duo, qui plus est de musique improvisée, relève souvent d’une lapalissade. Pourtant, à l’écoute de la paire Blondy / Hug c’est le terme qui vient en premier lieu à l’esprit. Une complicité totalement fusionnelle qui donne l’impression d’entendre un seul et unique instrument qui réunirait les 250 cordes du piano, les 4 de l’alto et même 2 supplémentaires, vocales, puisque la violoniste donne régulièrement aussi de la voix.
Un déluge de cordes donc, pour une musique entre calme et tempête, qui laisse pleuvoir des trombes de notes ou qui s’étire lentement en paysages sonores plus arides, mais jamais à sec. Une succession de tableaux, d’ambiances, d’intentions et d’inventions, faite de contrastes forts mais toujours dans une totale unité, comme un bloc massif composé d’une multitude d’éléments épars, un tableau pointilliste que l’on regarde d’assez loin. Une foule d’évènements hétéroclites qui, sous les doigts de ces deux traqueurs de beautés cachées, s’ordonne (mais pas trop !), prend forme (mais laquelle ?!) et laisse entendre l’imaginaire collectif de deux grands esprits musicaux en totale communion, étonnant de...complicité...

Créé en 2011 pour l’indispensable festival Jazz à Luz, ce trio est la concrétisation de rencontres successives entre trois personnalités aussi fortes que discrètes.
Celle entre le trompettiste et la pianiste s’était faite sur scène, et réitérée depuis, il y a longtemps déjà. C’est ensuite lors du festival Jazz à Mulhouse 2003 que Cappozzo et Hemingway se sont croisés, chacun étant sorti totalement emballé par un concert de l’autre. Et c’est ce même genre de rencontre fortuite qui a rapproché Christine Wodrascka et le batteur américain, au Théâtre du Pavé à Toulouse cette fois, en 2010.
Trois lieux incontournables en France, à qui l’on doit beaucoup et qui auront contribué plus ou moins directement à la naissance de ce trio qui s’impose comme une évidence.
Issus d’une même génération, ils ont en commun une maîtrise technique rare mais tout en humilité et un sens aigu de la poétique musicale, y compris quand elle naît de bruits parfois incongrus... Une coquille Saint-Jacques qui racle les cordes du piano, une trompette quasi flatulente ou du polystyrène qui grince sur une cymbale peuvent ainsi se mêler pour dessiner une ligne mélodique renversante de beauté. Sincère, profondément humaine, subtile et classieuse leur musique leur ressemble en tout point.

Si l’on connaît déjà bien par ici ses deux compères d’un soir, Christophe Rocher reste un musicien tout en discrétion et bien trop souvent encore absent des scènes hexagonales.
Sa clarinette, qui sait se faire brûlante comme celle d’un Dolphy enfiévré aussi bien que sereine et apaisée à la manière d’un Jimmy Giuffre, n’avait pas résonné en nos murs depuis maintenant huit ans. Une absence d’autant plus surprenante qu’il n’a eu depuis de cesse de s’affirmer comme l’une des voix essentielles de cet instrument.
Et huit ans, c’est aussi l’âge de ce trio. Une longévité plutôt rare pour une formation de musique improvisée, un temps de maturation qui lui donne aujourd’hui l’ampleur, la respiration, la fluidité de ces groupes qui ont appris avec les années à fuir toute redite, à éviter toute forme de facilité, à se renouveler sans cesse mais sans jamais oublier le propos initial.
Trois artisans musiciens qui malaxent la matière sonore, avec le geste sûr de l’expérience mais la fraîcheur des éternels curieux, et qui créent des mondes instantanés, en révolution permanente. Les rythmes s’enchevêtrent, violence et douceur se mêlent, pour donner naissance à une poésie musicale au lyrisme assumé mais sans concession.

À écouter : ”Extenz’O...” (Label Marmouzic, 2007).

Voilà deux grandes pianistes qui sont engagées avec autant de passion que d'audace dans des voies inexplorées de l'improvisation libre. Prélude à un disque, leur rencontre de quatre jours à Carré Bleu se conclura par un concert à quatre mains, deux claviers, et plein de trucs dans les cordes.

Le Sens de la marche
Marc Ducret a composé la musique violente et raffinée de cette création, réalisée lors d'une résidence à l'AJMI, à Avignon, pour ce "Grand ensemble" constitué de son trio habituel et d'une sélection nationale de huit jeunes musiciens surdoués (dont trois sont poitevins).

L'accordéon de la chanteuse Claire Bergerault est prêt à toutes les aventures, les plus risquées, les plus osées, les plus actuelles. Avec le batteur free Fabrice Favriou et le platiniste bruitiste Tô, il passe de délicates ciselures aux à de violents et impétueux emportements.

Trois improvisateurs, passés par le jazz et les musiques contemporaines, se confrontent, se racontent, s'affrontent, pour sculpter une matière sonore spontanément poétique, savamment cruelle, sensuellement incandescente.

4 groupes de jazz en compétition
Ecoutez, comparez, jugez, votez… Pour accompagner les premiers pas de jeunes musiciens amateurs sur la scène professionnelle et les aider à aborder, peut-être, d'éblouissantes (mais intermittentes) carrières.

Somptueux trio à cordes, virtuose et inspiré, expérimentant des situations qui modifient les échanges entre les musiciens. Mais aussi entre les musiciens et le lieu, entre les musiciens et le public, entre les musiciens et la musique… Donc entre le public et la musique.