Improvisations, poèmes, chants, percussions, silence, paroxysme, intériorité… Un hommage musical ludique et intime qui joue sur les rapports entre l'écriture et l'improvisation, en écho à la recherche (rigoureuse et humoristique) de l'immense Raymond Queneau.

Avec ce nouveau quartet, Vincent Boisseau cherche sa réponse à la question fondamentale qui se pose aujourd'hui : quelle écriture pour quel type d'improvisation ? Sur une voie balisée par quelques lumières : Marc Ducret, Tim Berne, Barry Guy, William Parker, Mats Gustafson…

Le FIN trio (Fred, Ivo, Nikos) brille d'une lueur singulière dans la constellation de la free musique improvisée (où, dirait le critique Gérard Rouy, elle scintillera éternellement). Ce groupe est l'une des révélations majeures de ces dernières années.

Deux maîtres de la clarinette dont un à la batterie (Di Donato comme quand, à douze ans, il était batteur dans l'orchestre de bal de son père) : un duo délicieusement corrosif, énormément subversif. Aux limites d'un ailleurs musical, drolatique et utopique.

Ce concert s’inscrit dans le cadre d’ « À voix basse », une série d’événements imaginés conjointement par le CRR de Poitiers, le CESMD Poitou-Charentes et Jazz à Poitiers, pour marquer le 60ème anniversaire d’une artiste déjà définitivement considérée comme une figure majeure de l’improvisation libre et, au-delà, de la musique, tout simplement...

Clore cette série d’événements par un dernier concert relève d’un véritable casse-tête. Poser le regard sur plus de quarante années d’activisme chez une artiste protéiforme comme La Léandre, c’est tout de suite se retrouver confronté à plus d’une centaine d’enregistrements, au moins tout autant de projets différents et non moins de collaborations essentielles, de formations fabuleuses, de souvenirs de concerts mémorables, de choses à ne pas rater, à programmer absolument, forcément...
Et puis, au beau milieu de tout ça, une évidence. Au milieu de pleins d’autres, certes, mais une évidence. Ce fameux duo avec Pascal Contet ! Celui qui, comme elle, au mépris des jugements poussiéreux du sérail, de tous les sérails, n’a jamais voulu choisir entre écriture et improvisation, entre contemporain, jazz et tout le reste, qui n’a pas voulu lâcher cet instrument qu’on lui conseillait d’oublier pour un autre, plus noble... Un alter ego qui, comme elle, a cette formidable faculté de toujours trouver la note la plus juste, le geste, le propos, l’intention qui font dire que c’est exactement ce qu’il fallait jouer à ce moment-là. Le talent instinctif en somme.
Et, dès lors, une autre évidence, celle d’un final en beauté, d’un instant de grâce musicale assuré, à l’image de tout ce qu’entreprend cette très grande dame des musiques indispensables.

À écouter : ”Free Way” - Label Clean Feed, 2007. Disponible aux Mondes du disque.

Impériale en solo, invitée régulière de quelques improvisateurs de renom, on attendait de retrouver enfin Sophie Agnel au sein de son « groupe à elle ». Et quand on voit les partenaires retenus on ne peut que se dire qu’elle a bien fait de prendre son temps pour mûrir ce nouveau projet.
John Edwards et Steve Noble, c’est peut-être la plus belle rythmique actuellement en activité. Deux solistes époustouflants qui trouvent dans leur réunion une complicité fusionnelle sans beaucoup d’équivalent. Une entente quasi magique sur laquelle se sont déjà appuyés d’autres grands de l’improvisation comme Evan Parker, Lol Coxhill, Peter Brötzmann, Alex Ward ou Alan Wilkinson.
D’une précision diabolique, leurs jeux s’entrecroisent, se complètent et offrent à la pianiste un formidable catalyseur, exaltant au possible, qui l’amène à repousser encore les frontières d’un territoire musical qu’elle a pourtant déjà depuis longtemps fouillé avec un talent, une inventivité qui forcent le respect.
Bref, largement de quoi parier qu’on tient sans doute là l’un des plus beaux concerts de cette saison, avant même d’avoir encore entendu la moindre note de ce trio inédit...

Claire Bergerault solo

Voilà 14 années que nous suivons les pérégrinations vocales de notre Castafiore du Poitou. Depuis son premier groupe, L’oeuf en ’98, jusqu’au Lobe aujourd’hui, son grand ensemble d’improvisation dirigée, elle aura posé sa voix sur tout ce qui peut ressembler de prêt ou de loin à de la musique. Contemporaine, jazz, noise, trad’, acoustique, amplifiée, distordue ou saturée ; à voix nue ou accompagnée d’un accordéon, d’électronique ou... d’une chaise, elle entremêle ses cordes vocales à toutes les sonorités, d’un lieder de Schubert au son d’Airbus au décollage de L’Échelle de Mohs.
Et quand elle se lance le défi ultime de tout musicien improvisateur, le solo, on mesure le chemin parcouru depuis tout ce temps. Tout simplement exceptionnel ! De maîtrise technique, d’audace, d’inventivité... À l’image de quelques autres grandes dames à qui elle fait aujourd’hui  immanquablement penser (Annick Nozati, Catherine Jauniaux, Meredith Monk, Diamanda Gallas...).

Duo Pruvost - Mahieux 

En solo - époustouflant - en 2009, en trio - enchanteur - avec Benjamin Duboc et Sophie Agnel en 2010, on a déjà eu l’occasion de découvrir à quel point Christian Pruvost fait souffler un vent de fraîcheur sur la trompette.
La contrebasse de Nicolas Mahieux, on l’a déjà entendue résonner au sein de la Happy House d’Olivier Benoit, de l’ONJ et du quintet de Claude Barthélémy ou, en famille, dans le quartet Franche Musique.
Leur duo joue sur le travail des timbres propres de leurs instruments, sur l’ambivalence d’un certain univers ”jazz” et d’un environnement bruitiste, trait d’union entre toutes les influences dont ils peuvent se nourrir.

Durant cinq jours, un groupe d’élèves du Conservatoire - tous instruments confondus - aura la chance de travailler, d‘échanger, de confronter leurs points de vue avec Joëlle Léandre au cours d’un atelier autour de l’improvisation libre.
Discussions, réflexions, digressions sur la pratique musicale bien évidemment, mais aussi et surtout sur l’écoute, le son et... la vie en général, le monde, les rapports humains... Parce que, avant même d’être une artiste, « La Léandre » est avant tout une personne éminemment vivante, qui n’aura toute sa carrière fait que mettre en musique sa parole, ses émotions, ses colères ou ses joies, avec ou sans partition, au gré de ses humeurs et de l’instant.
Forts de cette expérience unique, ils se lanceront sur scène et face au public dans le grand bain de l’improvisation in vivo.

1ère partie : Carte blanche aux élèves du Conservatoire

Way Out - Claude Tchamitchian Quartet

Jusqu’à ce quartet, Claude Tchamitchian développait essentiellement son travail ”d’écriture” au travers de plus ou moins grandes formations, dont la plus emblématique reste l’orchestre Lousadzak. Avec Way Out, il répond à une envie de façonner la matière mélodique, rythmique et sonore propre à son univers, mais dans un plus petit format, offrant un jeu plus mobile.

Et si écriture il y a, elle reste essentiellement comme une porte à ouvrir sur autant de chemins de traverse. Il y a bien des thèmes, des compositions, des partitions même, mais l’ordre, la succession de ces suites de morceaux sont laissés à la libre disposition et appréciation des musiciens, qui s’en emparent ou non, comme ça vient. Une organisation toute anarchique, dessinée par un leader qui s’empresse de s’effacer et incarnée par quatre formidables solistes qui s’oublient, transcendés par le son du groupe, à son service, chacun parfaitement à sa place mais là où il veut...

Une musique hautement énergique, tantôt rock progressif, tantôt free, folk ou pop même, peu importe. C’est avant tout la voix intérieure de ce grand conteur-bassiste que l’on entend ici, simplement capable de prendre toutes les intonations possibles, tous les accents.

Trois semaine après Fire !, Mats Gustafsson revient à Poitiers... On pourrait se dire que c’est un peu court, comme on pourrait aussi souhaiter qu’il y revienne tous les mois nous présenter l’un des douze projets qu’il a en cours. En en attendant autant qui ne sauraient tarder...
Mais au beau milieu de cette hyper activité, un groupe émerge. The Thing. SON groupe, le plus connu sans doute, mais surtout celui au sein duquel sa musique trouve le plus naturellement et le plus entièrement sa place. Sa « chose », un peu monstrueuse, bête à trois têtes qui s’abreuvent aussi bien dans les eaux boueuses d’Ayler que dans celles de Shellac ou Wolf Eyes.
Le genre de groupe tellement entier, une entité tellement forte, qu’on pourrait avoir du mal à l’imaginer partager une scène. Un rouleau compresseur qu’on verrait bien écraser la trompette ou même le piano qui oserait croiser son chemin... Mais ce serait sans compter sur le talent obstiné de ces deux magnifiques guest d’un soir (en tournée, mais pour une date unique en France!).
Habituellement orfèvres délicats de leur instrument, ils trouvent ici le moyen de se fondre dans ce magma sonore pour en révéler de nouvelles subtilités, dessiner des reliefs qu’on ne soupçonnait pas et, si besoin en était, dynamiter encore un peu plus cette free music d’aujourd’hui qui ne s’embête plus depuis longtemps à savoir si elle tient plus du jazz que du rock ou de quoi que ce soit d’autre encore...