La vie sur terre est un ensemble de phénomènes nés d'une hasardeuse combinatoire entre l'azote, l'oxygène, l'hydrogène et le carbone : N, H, O et C. La vie, c'est tout ce qui se produit quand ces quatre-là se combinent pour que ça remue, ça évolue, ça résiste à l'entropie et à la mort. C'est ainsi que la musique de NOHC surgit et trouve son énergie dans l'interaction entre quatre particules élémentaires et irréductibles. A chaque fois elle revit, en une succession d'improbables et somptueux miracles.

À entendre Bruno Chevillon avec Sclavis, Portal, Humair, Ducret, Raulin et tant d'autres, son talent de contrebassiste est si évident qu'on imagine mal qu'il aurait pu, aussi bien, devenir photographe ou danseur. Il a d'autres passions (poésie, théâtre, cinéma…) qu'il assouvit dans ce bouleversant hommage à Pasolini mêlant textes et musique en un vibrant et somptueux dialogue. En première partie, on retrouvera Matthieu Metzger dans son exploration curieuse et gourmande des infinies possibilités d'expression qu'offrent les musiques nouvelles.

Sur l’axe Poitiers (Claire Bergerault) - Tours (Pascal Maupeu) - Orléans (Nicolas Larmignat) – Paris (Hugues Vincent), des musiciens se rencontrent, se découvrent des atomes crochus et des désirs communs. Ces quatre-là se sont trouvés à Tours, en avril dernier, au cours d’un stage d’improvisation animé par Joëlle Léandre. C’est donc l’improvisation qui les rassemble pour ce premier concert où solos, duos, trios et quartet s’enchaînent en une suite subtile et créative.

Deux cordes, deux claviers, deux filles, deux garçons… Existe-t-il une musique de l'amour ? Le son, même organisé, peut-il avoir une résonance amoureuse ? Que nous reste-t-il (alors) de nos amours ? Des chansons, des mots… quelques bruits aussi. Et puis peut-être le silence qui est sûrement le plus beau son des amoureux… L'amour ça se fabrique, ça se bricole, on peut faire durer, on peut arrêter tragique, on peut se perdre, se trouver… C'est comme la musique : surtout, faut pas s'emmerder…

Parmi les nouveaux venus sur le front des nouvelles musiques aux Etats-Unis, Scott Rosenberg a choisi des musiciens qui, comme lui, pratiquent les musiques "créatives" avec le génial Anthony Braxton, mais qui jouent tout aussi bien avec Bjork ou Tom Waits.  Ce quintet  construit un détonnant mélange de jazz, de rock, de musique contemporaine et d'improvisation libre pour inventer une musique surprenante et jouissive qui va bien au-delà des musiques dont il se nourrit.

Depuis 10 ans la constellation Ursus Minor brille au firmament d’un jazz plus que jamais ouvert à toutes les sphères musicales. Une constellation à géométrie variable, dont les étoiles qui la composent peuvent se renouveler en fonction de l’air du temps et des trajectoires de son noyau dur, François Corneloup et Tony Hymas.
Pour cette cuvée 2013, on retrouve à leurs côtés Mike Scott - guitariste attitré de Prince et que l’on a pu être surpris d’entendre en compagnie de quelques grands noms du showbiz, de Justin Timberlake à Maria Carey... - et la formidable Desdamona, étoile montante du hip-hop underground, membre de Ill Chemistry, qui a collaboré avec Sly & Robbie, Black Uhuru ou Saul Williams et remporté cinq fois l’award du meilleur artiste « spoken words ». Le reste du line-up pour cette tournée est encore à confirmer au moment d’écrire ses lignes mais, quelque soient les dernières recrues, on peut déjà s’attendre à ce qu’elles viennent renforcer le groove incandescent de ce combo qui fusionne allègrement un bon siècle de black music, sans souci aucun d’étiquette.

La thymolphtaléine est un indicateur coloré de PH. Bien, mais encore ?
Elle entre aussi dans la composition de certaines encres sympathiques. Et l’on voit tout de suite mieux le rapport avec ce quintet ! Enfin... avec une certaine imagination et si l’on connaît le goût prononcé de son instigateur, Anthony Pateras, pour mêler écritures et improvisations, structure et liberté d’interprétation, entre formes codifiées et intuitions fugitives, comme un itinéraire effacé sitôt tracé.
Mais nul besoin d’en savoir plus sur l’origine de ce nom obscur quand il suffit de regarder les musiciens convoqués sur ce projet : un casting qui laisse rêveur et qui offre d’ores et déjà des perspectives musicales de haute volée.
Si on ne présente plus Clayton Thomas et Will Guthrie, l’infatigable rythmique d’Ames Room, si l’on se réjouit de retrouver ici le Revox hurlant de Jérôme Noetinger, on peut rester curieux de découvrir Natasha Anderson et la flûte contrebasse amplifiée qu’elle bricole et promène depuis quelques années aux côtés de la fine fleur de la scène improvisée mondiale.
Un véritable all-star de l’improvisation qui nous fait l’honneur de venir travailler une semaine au Carré Bleu avant d’offrir aux oreilles curieuses du public poitevin un concert qui ne manquera pas de rester dans les annales.
 

On assume, on revendique même, voici donc la 25ème invitation de Daunik Lazro au Carré Bleu depuis notre naissance en ’97 ! Et certainement l’occasion d’entendre pour la 24ème fois un concert qui n’aura rien à voir avec le précédent et qui ne devrait que confirmer à quel point il est une des voix essentielles des musiques libres en France et au-delà.
Une maestria qui n’a pas échappé au duo Kristoff K. Roll qui poursuit les collaborations avec lui depuis plus de quinze ans avec son « Portrait de Daunik Lazro », une pièce en octophonie entre documentaire et sculpture sonore, sur disque pour « le Petit bruit d’à côté du cœur du monde » ou encore en live comme c’est le cas ce soir avec ce « Trio du petit bruit ».
Et puisque tout a déjà été dit et redit sur le saxophoniste, il ne reste qu’à rappeler que Jean-Christophe Camps et Carole Rieussec sont deux artisans majeurs de la musique électroacoustique, qui évoluent depuis 1990 dans les méandres d’un labyrinthe sonore aux multiples entrées, brouillant avec un malin plaisir les pistes de la pratique de l’écoute. Un duo précieux qui à l’art de transporter dans les lieux qu’ils investissent les univers de bruits qu’ils ont enregistrés ou façonnés en d’autres temps, dans d’autres espaces. Ou comment recréer sur scène un véritable studio de composition électroacoustique.
 

À l’instar du trio Deuxième Étage invité au Carré Bleu en octobre dernier, Whahay est né de rencontres successives entre ses membres et s’est concrétisé sur la scène du précieux festival Jazz à Luz.
Première étape à Londres, où Paul Rogers - contrebassiste issu des terres du free anglais, dont le génie et la singularité ont fait de lui un incontournable de la scène des musiques improvisées européennes - croise Robin Fincker, saxophoniste français aux multiples projets, marqué par ses dix années d'expérience dans cette ville.
Suite, cette fois encore, à Toulouse où Robin Fincker à son retour en France croise Fabien Duscombs, batteur polymorphe et engagé, membre incontournable du collectif Freddy Morezon (le Tigre des Platanes, la Friture Moderne, Cannibales et Vahinés...).
De là, plus qu’à laisser naître les complicités, se découvrir des chemins parallèles, des terrains d’expression et des langages complémentaires et trouver un point commun : une profonde admiration pour le grand Charles Mingus.
Quatrième invité de cette explosive croisée des chemins, le maître apparaît ici en filigrane à travers ses thèmes interprétés, parfois juste évoqués et souvent bousculés, par un trio brûlant dont le lyrisme furieux n’a rien à envier aux colères de l’illustre contrebassiste-compositeur. Avec un seul mot d'ordre : champ libre !

Que ce soit en duo aux côtés d’Isabelle Duthoit ou au sein de l’un des plus beaux trios qui soient, avec Barre Phillips et Urs Leimgruber, on a déjà eu l’occasion de découvrir à Poitiers le jeu fascinant de Jacques Demierre, entre délicatesse extrême et violence plus ou moins contenue.
Le genre de grand écart qu’affectionne tout autant Okkuyng Lee, dont le violoncelle peut aussi bien chuchoter en solo minimaliste qu’exploser bruyamment en noise la plus brutale avec Thurston Moore, John Zorn, Christian Marclay ou My Cat is an Alien.
Réunis autour d’une écoute mutuelle d’une intensité rare, tous deux tracent inlassablement de nouvelles frontières entre silence et matière sonore.
Tensions exacerbées, bascules soudaines, mouvements suspendus, les frontières entre corps et instruments sont elles aussi abolies. Un duo à la voix unique qui déploie son tissu sonore pour mieux éclater le cadre instrumental attendu, pour dessiner son propre chemin, à la fois dense et dilaté. Une matière intime et vertigineuse sculptée dans le flux du temps.