Contrebassiste d’Anthony Braxton, Dewey Redman, Ed Blackwell ou Barry Altschul, cofondateur de l’inoubliable « Slickaphonics », remarquable interprète de musique symphonique ou contemporaine, spectaculaire « bête de scène », l’insatiable  Mark Hélias est à la tête d’un  nombre incroyable d’ensembles parmi lesquels « Attack the future » (avec Ellery Eskelin, Mark Feldman et Tom Rainey), « The Marks Brothers » (duo avec Mark Dresser), « BrassDrumBone » (avec Ray Anderson et Gerry Hemingway). De tous ses groupes, « Open Loose » est, comme son nom l’indique, le plus ouvert (personnel très variable), le plus déstructuré, le plus dévergondé, le plus imprévisible.  

Il ramène d’Afrique des thèmes des Carnets de route avec Henri Texier et Aldo Romano, il multiplie les rencontres improvisées, entre free et musique contemporaine avec Jean-Marc Montera, Ernst Reisjeger, Fred Firth ou Jean-Pierre Drouet, il travaille pour la danse avec Mathilde Monnier ou François Verret, pour le cinéma avec Bertrand Tavernier, pour le théâtre avec Image Aigüe… et puis il a son trio, son point fixe, son atelier, avec lequel il opère, depuis de nombreuses années, un travail de longue haleine, une recherche en profondeur. « Quand je travaille avec un orchestre, dit-il, cela s’étend sur plusieurs années. Les projets changent, mais les musiciens de base restent les mêmes… Inviter d’autres artistes permet de creuser et d’enrichir le propos » ce sera le rôle de Jean-Luc Cappozzo, de Dominique Pifarély puis de Vincent Courtois, trios complices très souvent invités dans l’univers de Louis Sclavis

En 1950, il fait du dixieland dans l’orchestre de l’université de Stanford. En 1960, Ornette Coleman vient jouer dans son groupe. A New_York, il est invité par Jimmy Giuffre, Paul Bley, Archie Shepp… il s’installe en France au début des années 1970 et depuis cette date, il ne cesse de travailler pour le cinéma (Robert Kramer, Marcel Camus, Jacques Rivette, William Friedkin…) et pour la danse (Carolyn Carlson, Dominique Petit, Yvette Resal, Artefact…) et même s’il continue à jouer avec les meilleurs musiciens européens et américains, Barre Phillips reste, parmi les plus grand contrebassiste de l’histoire du jazz., l’incontestable spécialiste du solo de contrebasse où, très, très loin des clichés habituels, il s’est inventé un son et un langage qui n’appartient qu’à lui.

Two Angels for Cecil, c’est le titre d’un hommage du plus singulier des guitaristes français et du plus doué des jeunes batteurs français au plus grand pianiste du jazz contemporain. Il y a longtemps que Raymond Boni avait envie de rendre un hommage à Cecil Tayor. Quand il découvrit Eric Echampard, au sein du Grand Louzadzak de Claude Tchamitchian, il eut envie de monter un groupe d’improvisation totale où Eric tiendrait la batterie. Finalement, lors d’une rencontre à L’Ajmi, à Avignon, fin 1998, il apparut comme une évidence que les deux projets n’en feraient qu’un. Le duo insolite, guitare-batterie, Boni-Echampard était né et le disque sorti fin 99 chez « Emouvance » est un chef-d’œuvre.

Ce trio à vent acoustique pour une musique de chambre chantante, swinguante, subtile et drôle est né à Zapo, en Ukraine, en 1991. Depuis, il a fait du chemin, des monts d’Auvergne aux vignobles bourguignons, des bocages du Maine à ceux du Poitou. Il est même venu à Pougne-Hérisson, en 1993, où les adorateurs du Nombril du Monde ont eu la chance d’entendre leur musique de l’âge du cuivre, lancée, depuis un cap pas canaveral pour un kopek, dans des espaces inexplorés du cosmos musical. Une musique qui nous renvoie des images inouïes, parées de délicates nuances, de contrepoints savants, de canons lumineux, d’improvisations savoureuses, des constellations folkloriques, classiques, ethniques, contemporaines, dont elle frôle les champs magnétiques.

Un jumelage, c’est un peu comme un mariage ou un PACS : il faut rassembler les familles, inviter les amis, les voisins, et faire la fête. Et puisque les jumelés sont le Conservatoire National de Région de Poitiers et l’École Nationale de Musique et de Danse de Chartres, la fête sera musicale et réunira les big-bands  des deux établissements. Du jazz, donc, au programme des festivités : du swing, du latino, de la salsa, ainsi que des créations originales des deux chefs : le clarinettiste Jean-Jacques Ruhlmann qu’on a entendu dans le quartet de Pascal Ducourtioux et le contrebassiste Michel Chenuet qu’on a entendu au sein de l’Improviste.

Joe McPhee a choisi la trompette de poche sous l’influence de Don Cherry et c’est avec Dewey Redman qu’il étudia le ténor, partageant ses activités entre les Etats-Unis et l’Europe (il fut responsable de la promotion du label suisse Hat-Hut), il constitua, au début des années 80, un trio régulier avec André Jaume et Raymond Boni, alors que ce dernier jouait dans le « Duty Free Experience » de Daunik Lazro. C’est la réunion de deux extraordinaires, celui, à vent, de Joe McPhee et Daunik Lazro et celui, de Raymond Boni et Claude Tchamitchian qui a donné naissance à ce quartet qui s’est produit au festival Banlieues Bleues et au festival du Mans. Une rencontre exceptionnelle, tant par sa rareté que par la richesse des quatre personnalités en présence.

Ceux qui ont eu la chance d’assister au magnifique concert du quartet d’Eric Waston au Théâtre, le 12 décembre dernier, ne voudront pas rater celui-ci. Car après son quartet américain (Bennie Wallace, Mark Dresser et Ed Thigpen), Eric Watson nous propose son quartet européen avec un saxophoniste allemand, un contrebassiste français et un batteur italien.
Et puisqu’Eric Watson travaille sur la même suite, December 1999, qu’il avait créée à Poitiers, il sera encore question de structures (à déstructurer) et de rendez-vous amoureux (vaguement clandestins), de libellules (légères et zonzonnantes) et d’un (terrible) « Full Metal Quartet ».

A 5 ans, dans son grenier, il trouve la vieille clarinette de son grand-père. A 7 ans, il commence l’étude de cet instrument à l’école de musique de Parthenay. A 12 ans, il découvre le jazz à l’occasion d’un stage avec le Workshop de Lyon. La musique prend alors de plus en plus de place dans sa vie : bénévole à l’association Jazz en Gâtine, membre du Big Band Jazz à New Parth, il poursuit l’étude de la musique à l’université et de la clarinette au conservatoire, fait des bals pour arrondir ses fins de mois, monte son premier quartet à 19 ans. Mars 2000, 21 ans : son jeune trio fait déjà preuve d’une étonnante maturité. Une écriture très actuelle, des improvisations au lyrisme chaleureux, une liberté de ton et de propos assumée avec beaucoup d’assurance… Un talent prometteur.

« Otná Eahket », chez les lapons, c’est la nuit. Et la nuit n’est jamais la même, donc « Otná Eahket », c’est toujours cette nuit-là, celle qu’on est en train de vivre et pas une autre. « Otná Eahket », c’est un trio de polyinstrumentistes finlandais qui se côtoient depuis vingt ans dans la mouvance du leader-gourou-mystico-libertaire Edward Vesala, (le « père » de tout le jazz créatif finnois), puis sur les scènes européennes et qui ont décidé, n 1998, d’entreprendre une quête musicale commune pour aller voir ailleurs si la musique y était. Ailleurs, c’est là-bas, dans les nuages, les cours d’eau, les grands lacs ou les montagnes, à Bali, aux Caraïbes, en Afrique ou au Pôle Nord.