Qüntêt est le premier groupe de Jean-Louis Pommier, tromboniste qui, bien que très demadé chez Claude Barthélémy, Denis Badault, Jean-Marc Padovani ou Eddy Louiss, n’a jamais cessé de travailler ses propres compositions avec ses copains Alban, Simon et Popof. C’est en rencontrant Médéric Collignon, le jeune chanteur, scatteur, bugliste parfaitement déjanté (qui a épaté les poitevins, le 24 juin dernier, sur la place d’Armes, avec Andy Emler), qu’il a complété cette formation sans instrument harmonique. Cinq solistes, donc, bien décidés à se jeter  dans les moindres espaces de liberté ouverts par l’écriture.

Jazz en Scènes, un événement National 
Ce soir encore, c’est la grande nuit des clubs. Dans toute la France, une soixantaine de formations regroupant plus de cent cinquante musiciens participent à un grand festival éclat dans toutes les salles de la Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées. Révélations régionales (le nouveau trio de Jean-Yves Monjauze), un groupe soutenu par un autre club (Kristoff K.Roll et Xavier Charles nous sont envoyés par Les Instants Chavirés de Montreuil) et une tête d’affiche, l’immense pianiste Fred Van Hove. 

Jean-Yves Monjauze Trio
Ils ont choisi l’improvisation totale. Pas de compositions, pas d’écriture, pas de canevas harmonique contraignant, seulement l’émotion de l’instant, l’écoute des partenaires et le désir commun d’inventer ensemble des matières sonores mouvantes, des lignes mélodiques confluentes, des figures rythmiques fluctuantes, tirant du silence, tirant du silence des jaillissements de violence ou de douceur, de sensualité ou de colère. 

Kristoff K.Roll et Xavier Charles : La pièce
Le duo de musique électroacousticienne Kristoff K.Roll, créateur de grandes fresques sonores où il explore aussi bien la musique concrète que l’écriture ou l’improvisation, aime la confrontation avec d’autres musiciens (Daunik Lazro, Ninh Lê Quan, Catherine Jauniaux, Kaffee Matthews…). Dans La Pièce, trio d’improvisation sonore et spatiale, ils installent sur la scène un studio de composition électroacoustique, reprenant les improvisations simultanées de Xavier Charles pour jouer avec le son et le hasard. 

Fred Van Hove Solo
Pianiste, accordéoniste, organiste et carillonneur, né à Anvers en 1937, Fred Van Hove fut, dès les années 60 l’un des pionniers européens de l’improvisation libre, notamment au sein d’un trio mythique avec Peter Brötzmann et Han Bennink, en duo avec Braxton, Lacy, Mangelsdorf, Portal, Globokar, Nozati et beaucoup d’autres et bien sûr, en solo où il s’est affirmé comme l’improvisateur le plus flamboyant et le plus imaginatif du piano moderne.

Sous ses dehors de lutin sautillant, Laurent Dehors est l’un des souffleurs les plus passionnants de la scène actuelle. Il multiplie les instruments (toutes les clarinettes, tous les saxophones, flûtes, cornemuse) et les expériences (avec Michel Portal, Claude Barhélémy, Andy Emler, Daniel Goyone, Okay Temiz, Louis Sclavis, Yves Robert, etc.). Ses solos éperdus, lacérés, sont d’autant plus poignants et fascinants qu’ils sont dynamités de trouvailles à l’humour ravageur. « La musique, dit-il, c’est la surprise, la prise de risque, les vagabondages de l’improvisation libre ».

Jazz en Scènes, un événement national
Ce soir c’est la grande nuit des clubs. Dans toute la France, une soixantaine de formations regroupant plus de cent cinquante musiciens participent à un grand festival éclaté ans toutes les salles de la Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées. Chaque salle programme trois groupes : une révélation régionale ( à Carré Bleu, c’est l’étonnant Couartêtte de l’accordéoniste poitevin Emmanuel Roux), un groupe soutenu par un autre club (c’est le trio de « Popov » Chevalier, avec l’immense guitariste britannique Keith Rowe et le jeune surdoué Christophe, Havard, proposé par le Pannonica à Nantes, tandis que nos couleurs sont défendues  à Brest, au Vauban, par le trio Fréboeuf-Souriau-Beausset) et une tête d’affiche. Le nôtre est exceptionnelle et internationale puisqu’elle rassemble l’allemand Peter Brötzmann, le « colosse de Wupperthal », et ses amis Kent Carter et David Holmes, un américain et un britannique qui not choisi de vivre en France. 

Le rural swing Couartêtte 
Après avoir étudié la composition et l’orchestration avec Yvan Jullien, Emmanuel Roux a étudié le piano avec Emmanuel Bex, Bojan Z. puis Benoît Delbecq, avant d’opter pour l’accordéon et créer le Rural Swing Couartêtte pour lequel le Conseil Régional vient de lui accorder un Défi Jeunes. A partir de valses, de javas, de fox-trot, de rocks country gentiment traditionnels, il développe des improvisations déjantées, faites de ruptures ou de superpositions de rythmes, de dissonances atonales, d’emballements free, de gags musicaux inattendus. Une musique populaire et savante, plein de swing et d’humour. 

Chevalier – Rowe –Havard Trio  
Jean « Popov » Chevalier, batteur tout terrain qui a accompagné, dans les années 60, Dexter Gordon ou James Moody, et qui joue aujourd’hui, dans « 0% de Matière Grise » avec Jacques Di Donato, Fabrice Charles et Patrick Auzier, vient enfin de créer son propre trio. Il y a invité Keith Rowe, précurseur génial de l’improvisation libre à la guitare préparée, qui a eu une influence déterminante sur l’évolution actuelle de la guitare (il fonda le groupe mythique AMM qui conciliait le jazz, Cage, Varèse et les musiques chinoises et japonaises), et Christophe Havard, un jeune saxophoniste dont la passion pour l’improvisation l’a déjà amené à jouer avec des « pointures » telles que TIm Berne, Evan Parker ou Steve Potts. Le geste musical habité par l’émotion. 

Peter Brötzmann Trio 
Depuis la révolution free, Peter Brötzmann a imposé sa voix unique, originale, reconnaissable dès les premières notes, tant en Europe qu’au Japon ou aux Etats-Unis (des musiciens noirs américains reconnaissent, aujourd’hui ce qu’ils lui doivent) Une voix puissante, véhémente, violente, écorchée, gonflée d’émotion et de colère, au lyrisme bouleversant. Peter Brötzmann est un géant de l’improvisation, de la stature de ses héros (Sydney Bechet, Sonny Rollins, Ornette Coleman, Albert Ayler…) qui travaille aussi bien avec Nam June Paik, Mauricio Kagel ou Krysztof Penderecki qu’avec un joueur de guembri marocain et la jeune avant-garde de Chicago. Dans ce trio, il retrouve un autre géant du jazz actuel, Kent Carter (tous deux ont joué, entre autres, avec Carla Bley, Don Cherry, Derek Bailey ou Steve Lacy) et le batteur atypique David Holmes qu’on a déjà entendu avec Beñat Achiary, Bernard Lubat, Paul Rogers, Keith Tippet, Evan Parker ou Joe McPhee. Le souffle le plus brûlant du jazz d’aujourd’hui.

Depuis qu’ils explorent les marges du jazz et des musiques improvisées, de la danse, de la poésie et du théâtre, il fallait bien que ces deux musiciens inclassables se rencontrent. Thierry Madiot (qu’on a entendu auprès de Marc Ducret, Claude Barthélémy, Claude Tchamitchian, George Lewis, Joëlle Léandre, Daunik Lazro, Noël Akchoté ou Jean-Marc Montera) joue d’un trombone basse qu’il déconstruit en lui ajoutant  des pièces supplémentaires, des tuyaux, des appeaux, des embouts, des sourdines, pour en élargir les possibilités sonores. Alfred Spirli (dont le parcours l’a conduit de Délices Dada à L’Effet-Vapeur en croisant Yves Robert, Philippe Deschepper, Tom Cora, Claude Tchamitchian, Christine Wodraska, Jacques Di Donato, Michel Godard, ou Jean-Marie Madedu) utilise un attirail qui ressemble plus à une caisse à jouets qu’à une batterie. Ensemble, ils démontrent avec autant de sérieux que d’humour qu’en musique, tout reste à découvrir.

D’une enfance nourrie de Bério, Aperghis, Xénakis, Nono et de free jazz, la jeune harpiste Hélène Breschand a gardé un rêve : concilier l’écriture et l’improvisation. Elle a entrepris de le réaliser avec son trio (Sylvain Kassap et Didier Petit) et avec un disque qui vient de sortir chez In Situ où elle alterne les improvisations et les pièces de Berio, Cage ou Ton-Tat Tiêt. C’est pour une rencontre totalement improvisée que Jean-Marc Montera l’a invité. Depuis un quart de siècle, ce guitariste bidouille les cordes d’un manche de Gibson, à plat sur une table, avec des pinceaux, des chaînes, des éponges, métalliques, des bouts de bois ou de ferraille, des brosses ou des archets. C’est un improvisateur radical, dans la lignée des Derek Bailey, Keith Rowe et Fred Frith, qui n’a cessé de multiplier les rencontres ave Yves Robert, Gérard Siracusa, Carlos Zingaro, Raymond Boni, Joëlle Léandre, Gianni Gebbia, Christine Wodraska, Dominique Regef, Thierry Madiot, etc. La dernière fois qu’on l’a entendu à Poitiers, c’était au Confort Moderne, avec Michel Doneda et Erik M.

Fou de jazz, de flamenco et de musique indienne (il enseigne l’improvisation modale et les tablas au CNSM de Paris, il est batteur au sein de l’ONJ de Didier Levallet après l’avoir été chez Tchamitchian, Colin, Padovani, Machado…), Ramon Lopez vient d’être l’auteur d’un évènement qui « fait du bruit » (et quel bruit !) avec un solo de batterie, enregistré chez lui, sorti sur le prestigieux label expérimental britannique Leo Records. 1, onze chants qui échappent à la succession anecdotique des timbres et à la virtuosité spectaculaire propres à ce genre d’exercice pour  créer un discours inventif et novateur qui tire son intensité d’un drive irrésistible, d’une tension intérieure qui tient l’auditeur en haleine, du début à la fin. A l’issue de son solo, Ramon Lopez fera un bœuf avec Frabrice Barré et Eric Brochard dont le magnifique duo, qui constituera la première partie de cette soirée, participe d’une quête esthétique proche : aller le plus loin possible dans la recherche du propos musical, des émotions et des surprises à partir d’un parti pris de départ presque minimaliste.

Christine Wodrascka est de ces créatrices qui n’hésitent pas à bousculer allègrement, voire violemment, les codes convenus pour construire, dans un impressionnant corps à corps avec son piano, une musique d’après le free, mêlant l’improvisation la plus contemporaine à une écriture qui, à partir de la liberté qui l’a inspirée, entraîne vers des ouvertures dans lesquelles il faut « plonger ». Habituée de la scène improvisée internationale (Marion Brown, Charles Tyler, Zeena Parkins, Fred Frith, Peter Kowald, Han Bennink, Carlos Zingaro, Daunik Lazro, Joëlle Léandre, Irène Schweizer, Jacques Di Donato, Michel Doneda, Ninh Lê Quan, Philippe Deschepper, Claude Tchamitchian, Xavier, Laurent et Fabrice Charles, etc.) elle a créé ce trop avec deux jeunes musiciennes venues de la musique contemporaine, l’allemande Gunda Gottschalk (Myriam Marbe, Peter Kowald, Xavier Charles, Jacques Di Donato…) et la française Isabelle Duthoit (Jacques Di Donato, Gilbert Amy, Georges Aperghis, Armand Angster…).

Première des quatre grandes pianistes qui seront accueillies cette saison à Carré Bleu, Christine Wodrascka inaugure une programmation donnant la part belle aux femmes qui font le jazz d’aujourd’hui.

Dans la tradition du piano-jazz swinguant et virtuose, Antoine Hervier a commencé sa formation avec Manolo Gonzales avant de devenir l’ami et disciple de Maurice Vander, puis de se perfectionner auprès d’Hervé Sellin et de Laurent de Wilde. Il interprète avec beaucoup de brio et d’énergie les incontournables standards que les génies de l’ère du swing, du be-bop, du hard-pop et du du post-bop n’ont cessé de créer, d’emprunter, de revisiter, de s’approprier, de déstructurer ou de magnifier. Il est soutenu, dans ce trio jubilatoire, par l’enthousiasme du contrebassiste Guillaume Souriau et par la maîtrise époustouflante de Lolo Bellonzi témoin vivant qui a accompagné les plus grands créateurs de l’histoire du jazz. 

Ce quartet se compose de quatre dégustateurs dont trois musiciens. Trois improvisateurs tout terrain, amateurs passionnés, curieux et attentifs de vins et de gastronomie, qui ont accepté de se rencontrer autour d’une consigne très simple :
« vous aurez des vins à goûter et vous improviserez à partir de ces dégustations ».
A l’initiative de Jazz à Poitiers, de l’Institut de Dégustation et avec le précieux concours du Syndicat des Vignerons de l’appellation Tourraine-Amboise qui fournit les vins, le public sera invité à déguster six vins (rosé, blanc sec jeune, blanc demi-sec évolué, rouge fruité jeune, rouge de garde jeune, rouge de garde vieux) sur lesquels les musiciens improviseront, non pas pour chercher de quelconques correspondances ou équivalences, mais pour laisser les vins déclencher, orienter, stimuler, colorer la musique, dans l’espoir que la musique enrichisse, à son tour, le plaisir de la dégustation.