Les poitevins commencent à connaître Jean-François Pauvros, qu’on a vu notamment dans le Grand Amour aux côtés de la chorégraphe Anne Dreyfus. Depuis bientôt trente ans, ce guitariste casse-cou et jusqu’au-boutiste s’est toujours situé dans un « No Man’s land » (c’est le titre de son premier disque) au-delà du free, du rock, là où jaillissent de la musique, l’énergie, la liberté, n’ont plus d’autres contraintes, plus d’autres limites que celles du musicien, de son intelligence, de sa sensibilité, de sa culture, de sa générosité, de son humour… Marteau rouge est le dernier objet sonore qu’il a conçu avec Jean-Marc Foussat, preneur, chercheur et donneur de sons qui fait de la poésie avec ses ordinateurs, et le batteur japonais Makoto Sato pour qui le « brut » est le raffinement ultime.

Ces trois inséparables complices ont créé leur trio, il y a cinq ou six ans, un trio de musiciens mais aussi un trio de copains qui n’ont cessé de nourrir leur travail des diverses expériences qu’ils ont vécues, ensemble ou séparément, au sein d’autres formations. Un trio qu’ils viennent de reconstituer autour d’un nouveau répertoire où l’écriture très élaborée laisse une large place à l’improvisation. Ainsi, les influences et les préférences de chacun peuvent s’exprimer librement dans un jazz inclassable qui mêle une inspiration imprégnée des musiques de pays de l’Est aux explorations aventureuses de Bill Frissell. 

L’ancien élève de l’actuel directeur de l’Orchestre National de Jazz a fini par prendre la place de son professeur. Pierre Aubert s’est vu confier la responsabilité de la classe de jazz du conservatoire d’Angoulême qu’avait animée Didier Levallet de 1979 à 1992. Parallèlement, Pierre Aubert n’a jamais cessé de jouer du violon dans les groupes d’Etienne Rollin, de Didier Levallet, de Bertrand Renaudin ou de Manolo Gonzales, de composer (pour François Jeanneau ou Kent Carter) et de monter ses propres groupes.
La petite tornade (en charentais : «l’esterbille») musicale que soulève son nouveau quartet tourbillonne joyeusement du jazz au folk avec des sautes allègres vers le rock, la valse ou le tango. 

Lors de ses débuts à New-York, dans les années cinquante, Steve Lay se partageait entre le jazz traditionnel (avec Willie Smith ou Hot Lips Page) et les révolutions les plus radicales (avec Cecil Taylor ou Ornette Coleman). Mais il est l’un des rares musiciens à s’être consacré exclusivement au soprano dont il est, avec Sydney Bechet et John Coltrane, le représentant le plus inventif et le plus singulier. Au sein de ce somptueux trio, parfaitement rôdé, il donne à entendre la quintessence de ce qu’il a apporté d’incomparable et d’irremplaçable à l’histoire du jazz. Unique, le son; essentielles, les notes; sculpté, le silence.

C’est entre Londres et Paris, au sein d’un ensemble constitué autour de l’immense saxophoniste Sam Rivers, qu’est née l’idée de ce trop franco-anglais avec, pour seule motivation, le plaisir de satisfaire le désir d’improviser ensemble. On connaît le goût immodéré de Sylvain Kassap pour les rencontres impromptues où le matériau de compositions instantanées jaillit de l’imprévisibilité des échanges. On sait l’insatiable appétit de Noël Akchoté pour les expériences les plus aventureuses et les plus novatrices. On attend avec intérêt de découvrir Paul Clarvis, le batteur qui monte en Grande-Bretagne où son talent s’est imposé auprès de quelques « pointure » de la taille de Tony Hymas ou Evan Parker. 

Poitiers est la première étape d’une tournée en France de ces trois alertes quinquagénaires, solistes, leaders, compositeurs, qui animent depuis plus de trente ans la scène musicale finlandaise. Dans leur pays, où la musique est aussi présente que les lacs et les sapins, on ignore les catégories qui séparent les musiques classiques, traditionnelles, contemporaines ou improvisées. On passe, avec le même plaisir et le même raffinement, des chants lapons aux compositions les plus avant-gardistes et au jazz le plus libertaire. Ils retrouvent le brillant et chaleureux trompettiste Jean-Luc Cappozzo qu’ils ont rencontré lors de mémorables concerts réunissant, lors d’une tournée en Finlande de l’ARFI, le trio Nueva Finlandia et le trio Apollo. 

Cantate, Compagnie Marouchka
« L’art est fait pour troubler, la science rassure ». C’est l’un des aphorismes de Georges Braque (extraits de "Le Jour et la Nuit") à partir desquels Steve Lacy a composé une suite de 16 thèmes (Tips) qui sont autant d’invitations à l’improvisation. Francis Plisson, danseur et chorégraphe passé chez Maguy Marin, Peter Goss et Jean-François Duroure, a chorégraphié cette partition, mettant en scène la musique, le texte, la danse, dans un espace ludique où les masques multiplient les personnages. 

Duo Olivier Thémines /Jean Aussanaire
Après la musique de Steve Lacy, celle d’un autre génie du jazz d’aujourd’hui, Ornette Coleman, par le duo chaleureux et complice de Jean Aussanaire et Olivier Thémines.

A dix-neuf ans, Vincent Boisseau poursuite un double parcours : classique, d’une part (au CNR de Poitiers puis au CNR de Rueil-Malmaison avec Michel Arrigon et Claire Vergnory), jazzistique d’autre part (avec le Workshop de Lyon, Denis Badault, Laurent Dehors ou Jacques Di Donato). Il vient de constituer son premier groupe en compagnie d’Eric Brochard (30 ans, dont le quartet fut l’une des révélations de la saison dernière), Eric Groleau (24 ans, batteur du quartet d’Eric Brochard) et Paul Brousseau (22 ans, pianiste du nouveau « In Out » d’Olivier Batlle).

Avec Eric Dolphy, Jeremy Steig, Roland Kirk ou James Newton, Michel Edelin est l’un des très rares musiciens à avoir su donner à la flûte un rôle de premier plan dans le jazz et l’improvisation. Parmi les nombreuses formations de Michel Edelin (du duo au septette, avec, entre autres, Daniel Humair, François Méchali, François Couturier ou Alain Jean-Marie), ce quartette est apparu à la presse comme un réussite exceptionnelle : « Superbe » pour Jazz Hot, « Classe » pour Jazzman, « Une nouvelle merveille » pour Jazz Magazine, « Ingénieux, débridé » et « Formidable d’invention et d’intelligence » pour le Monde… Le disque Déblocage d’émergence (AA 312 611), enregistré à Tours au Petit Faucheux, en est un témoignage impressionnant.

« Baptiste Trotignon est, sans aucun doute, l’un des plus brillants pianistes de jazz de sa génération » a dit Martial Solal de ce jeune musicien nantais et surdoué de 24 ans qui, depuis qu’il est « monté » à Paris en 1995, ne cesse de surprendre, par sa fougue et sa maturité, tous les musiciens avec lesquels il joue (George Brown, Albert Mangelsdorf, Steve Potts…). Il vient de constituer son premier trio avec le contrebassiste Clovis Nicolas (25 ans), monté à Paris la même année que lui et Tony Rabeson, le batteur de l’ « Azur Quartet » d’Henri Texier qu’on a pu entendre auprès d’Eddie Louiss, Martial Solal, Michel Portal, Dave Liebman ou Wayne Shorter.