La Ruche à Sons place l’abeille et le monde apicole au cœur d’un projet artistique. Ouvrière au service du paysage, allégorie de l’organisation sociale et sentinelle menacée de l’environnement, elle cristallise toutes les questions d’avenir que se pose l’homme du XXIème siècle.
Ce projet établit des liens entre des préoccupations écologiques, sociétales et des pratiques artistiques contemporaines. Installation plastique, dispositif électroacoustique et instruments live cohabiteront ainsi pour développer un espace sonore singulier. Une série de modules en forme d’alvéoles et en matériaux bruts (bois, papier, cire, miel…) est dispersée en différents points de la salle et diffuse des enregistrements du monde apicole (sons du rucher, paroles d’apiculteurs, bruissement d’ailes…). Un bourdonnement nait de tous ces fragments de sons et envahit l’espace à la manière d’un essaim. Une multitude de sources, comme autant de point de vue, restituent les butinages sonores des musiciens, inventant une danse vibrante pour les oreilles.

Un quatuor de saxophones ! Du jazz de chambre, donc ? Oui. Mais d’une chambre où l’on s’amuse, où l’on danse, où l’on fait la fête. « L’Echappée Belle » est un quatuor acoustique qui interprète des compositions  de ses quatre membres, des arrangements de grands classiques du saxophone et des créations qu’il inspire à des compositeurs de la scène du jazz actuel. Fondé en 1993 à l’initiative de Jean-Marc Padovani, il réunit deux « pointures » de la génération montante des jeunes saxophonistes (Yvan Avice et Bruno Wilhem) et deux « anciens », Padovani lui-même et Richard Foy qui, depuis plus de vingt ans, ont roulé leur bosse dans « Cossi Anatz », la Compagnie Lubat, chez Henri Texier ou Claude Barthélémy, à l’Orchestre National de Jazz ou dans les créations de Padovani autour de Mingus, Garcia Lorca ou Enzo Corman. 

En 1990, trois professeurs du Conservatoire de Poitiers (Benoît Weeger, Jean-Paul Rivaud et Michel Chenuet) ont créé  « L’Improviste » afin de mettre en pratique, lors de concerts publics, le fruit de leurs recherches sur l’improvisation musicale. Le noyau d’origine vient d’accueillir la fantastique tromboniste Christiane Bopp et le batteur de jazz Christophe Beausset. « Notre idée, dit Benoît Weeger, c’est de réunir des langages différents dans le cadre d’une conversation musicale improvisée. « Car chaque  membre de ce quintet a sa personnalité, son histoire, son parcours, ses préférences (baroque, musique contemporaine, jazz, musiques traditionnelles) dont il nourrit et enrichit, à partir de structures ou de climats choisis à l’avance, des improvisations collectives dont l’humour n’est jamais absent.

Kent Carter et Claude Tchamitchian ne se sont jamais rencontrés. « Carré Bleu » renoue ainsi avec une tradition des clubs de jazz où les jeunes talents se mesuraient, lors de rencontres improvisées, aux maîtres confirmés. Quand Claude Tchamitchian naissait, Kent Carter était le contrebassiste attitré d’un club de Boston avant de devenir l’inoubliable contrebassiste de Paul Bley, de Steve Lacy ou du Jazz Compozer Orchestra. A partir du petit hameau charentais où il s’est installé, il poursuit une passionnante carrière internationale. En 10 ans, Claude Tchamitchian a effectué un parcours fulgurant, (André Jaume, Jacques Di Donato, Raymond Boni, Eric Watson, Yves Robert, l’ARFI, Jacques Thollot, François Corneloup, Claude Barthélémy, etc.) et créé son septet Louzadzak. La rencontre entre ces deux immenses improvisateurs promet d’être riche d’émotions et de surprises.

« L’effet Vapeur » est sans doute le groupe le plus allumé de l’ARFI. Alfred Spirli n’y joue pas que de la batterie. Il en joue même de moins en moins, trop occupé à faire de la musique, mais aussi du spectacle et beaucoup de poésie, avec des allumettes, des pétards, des mixers, des jouets, des élastiques, des tuyaux en plastique, des ballons, des ventouses, des sifflets, des fils de fer, des rouleaux adhésifs, des tubes, des rhombes, des arcs, des appeaux, etc., dans un télescopage dadaïste et pataphysique avec les images sonores qui jaillissent des machines de Xavier Garcia. Au milieu de cet échange techno-bricolo, Jacques Veillé et Jean-Paul Autin s’en donnent à cœur joie, se mêlant au dialogue,commentant, contredisant, suggérant, raillant, approuvant, parodiant… La musique spectaculaire qui se construit au cœur de ce joyeux désordre est étonnante d’équilibre et de subtilité.

« Lolo » Bellonzi est l’une des figures légendaires de l’histoire du jazz en France. Rares sont les batteurs français qui ont joué avec Louis Armstrong, Duke Ellington et Bud Powell. Dès la fin des années 60, avec son inséparable compatriote niçois, le contrebassiste « Bibi » Rovère, il constitue la section rythmique qui accompagne, dans les clubs parisiens, les plus grandes stars américaines en tournée. Il sera le batteur de Georges Arvanitas, de Martial Solal, de Maurice Vander, de Claude Nougaro, de Richard Galliano et de tant d’autres…
« Lolobô » est le nouveau groupe qu’il vient de former avec quatre musiciens poitevins et qui sort son premier disque. Virtuose, théoricien et pédagogue il « électrise » ses jeunes partenaires dans des compositions à l’esthétique résolument be-bop.

A partir de structures simples, de compositions originales ou de thèmes empruntés à Michel Portal, à Henri Texier ou au Workshop de Lyon, les improvisations se développent comme des compositions collectives instantanées, lumineuses et pétillantes. Avec une audace ludique, une liberté espiègle et une inextinguible soif d’ouverture,
« Cache-Cache » mêle des parfums d’Afrique ou d’Amérique latine aux solos allumés et aux rythmiques décalées. Commencée il y a sept ans au « Petit Faucheux », à Tours, la trajectoire de ce trio est exemplaire. Lauréat de concours nationaux et internationaux, auteur de deux CD, il a effectué de nombreuses tournées dans toute la France ainsi qu’en Finlande, en Belgique et en Espagne. Etonnamment, il n’était encore jamais passé à Poitiers.

Découvert au côté de Claude Barthélémy qui l’avait invité à se joindre à son octet lors du festival du Mans 96, Gilles Bardet a assuré, avec ce trio, la première partie du trio Daniel Humair / Marc Ducret / Bruno Chevillon dans l’édition 97 du même festival. Remarquable instrumentiste, Gilles Bardet s’est longtemps partagé entre be-pop et jazz-rock, avec quelques escapades exotiques auprès du violoncelliste turc Nejati Ulas, jusqu’à ce qu’il décide de jouer sa propre musique (véritablement inclassable) en créant ce trio à l’instrumentation originale avec deux musiciens de formation classique : un saxophoniste qui a côtoyé François Jeanneau et Eddy Louiss et un tout jeune violoncelliste qui s’est consacré au jazz après avoir rencontré Pierre Blanchard.

C’est pour son talent d’instrumentiste et surtout pour son inépuisable capacité d’improvisateur qu’Yves Robert a été invité, à plusieurs reprises dans les groupes de Dominique Pifarély et de Marc Ducret, qui se sont eux-mêmes côtoyés
au sein de l’« Acoustic Quartet » (avec Louis Sclavis et Bruno Chevillon, autres compagnons de route d’Yves Robert). Aujourd’hui, Dominique Pifarély et Marc Ducret orientent de plus en plus leur pratique vers l’improvisation : travail sur la forme, les structures, les discours parallèles, la gestion du temps… C’est pourquoi Yves Robert a choisi de les réunir pour ce concert totalement improvisé. Trois des meilleurs spécialistes mondiaux de leurs instruments pour jaillissent une musique inouïe.

Il dit : « Ma musique est blanche et européenne ». Il dit  aussi : « Il n’y a rien de plus social que la musique,on fait ça avec d’autres musiciens en face d’un public ». Il dit : « Moi, les notes, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est les sons… Je n’ai pas un plaisir immense à m’échiner sur trois accords… On n’a pas le temps, il faut dire l’essentiel… ». Ou encore : « On se laisse emporter par sa propre recherche de vertige, on veut sortir de soi, c’est ça l’essence du jazz ». Yves Robert est le tromboniste le plus doué, le plus inventif, le plus étonnant de sa génération.