Derviche
Derviche


Dans la cadre du festival OFNI :
Le son lancinant d'un pressoir argentique, où chants et gestes se mêlent jusqu'à ce que la machine s'emballe. Cinéma sonore en solo pour projecteur 16mm, micros piezzo, K7 et verre à pied
Produit par Jazz à Poitiers, La Fanzinothèque et Nyktalop Melodie dans le cadre du festival OFNI.
Enfourcher le tigre, mais par quel bout commencer… Par les rencontres. Tout commence par les rencontres. Un salon, une véranda ou une grange, des voisins, des amis, la famille, à Poitiers ou au cœur de la Vienne, tout va se construire au gré des envies, au gré des rencontres, avec vous. Tournée ultra-locale pour un retour à l’évidence : le partage de la musique (et d’un verre). Dates et lieux en construction, à suivre sur les Internets !
On écrivait pour Jazz à Poitiers en 2017 : "Nelly Mousset aime tout ce qui grogne, frotte, crie et tiraille". Bonne nouvelle, rien n'a changé. Tout, tout peut continuer. En plus profond, en plus intriguant et en plus ouvert, aussi. La contrebasse joue toujours les pivots de l'axe de jeu, le son est toujours au cœur du système vibratoire. Mais pour cette première étape d’un projet qui reconsidère le lien de l’instrumentiste à sa contrebasse, et leur rapport commun au mouvement, le regard s'est acéré, le toucher précisé davantage. S'il y a drone, c'est avec un sens de la finesse qui tire les moustaches de l'indicible. S'il y a voix, c'est avec le souci de l'entrelacer aux quatre cordes. Bien entendu, Nelly Mousset, passée par le Lobe, le ZAP et le CFMI n'est ni tombée de la dernière pluie, ni de l'oreille d'un sourd. Sa maîtrise sonore est sans cesse remuée puis renouvelée par un souci constant du visuel. Le corps est mis, lui aussi, de plus en plus à contribution. Mis en question : comment le positionner ? Que raconte-t-il ? Est-ce l'image qui créé le son ou la vibration qui faire voir double ? Sans doute, peu de réponses explicites sont à attendre de ce premier concert jeune public et familial. Et c'est tant mieux, il restera autant de place disponible pour les sensations à recevoir d'une musique dont la moindre des qualités est de savoir frotter, grogner et tirailler. Le tout entre deux bouchées d'un goûter. Digestion assurée.
Entrée libre
Puissance et gloire. Non, Herbert, désolé, pas dans l'eau trouble d'un regard mais simplement posées dans un verre de vin et sur quatre cordes d'une contrebasse. Gloire du gosier et puissance du drone. Le premier est aux bon soins de Michel Autran, auteur du Chenin en jeu. Le second est mis entre les mains d'Éric Brochard. Les deux en faction pour la joie de l’auditeur. Brochard a choisi Autran et se challenge à jouer son chenin. Avec une contrebasse. Le genre de traduction organique, complexe et limpide. Quand on vous dit que la musique et l'improvisation sont souvent d'abord une affaire de sensations. Et le disque, Continuum (produit par notre label Blue Square Records et oui, deuxième sortie du label, et distribué sur Fougère musique, 2020) dont on fêtera la sortie reportée à cette date le rappelle goulument. Les frictions qui l'agitent sont épaisses, denses et volubiles. Dans les cordes, Brochard façonne et polit une transe musclée, un poil guerrière mais jamais sans bienveillance. C'est une longue envolée au ras du sol, blanche et crayeuse, chenin oblige. À vous de jouer ensuite, pour décalquer le vocabulaire du vin sur la musique reçue en bouche : jolie robe, cuisse légère ou muqueuses astrigentées ? In vino veritas…
La Main Gauche est une proposition d’une partie du UN.
Voici une Main Gauche pleine de la grosse douzaine de doigts et d'instrumentistes glissés du corpus général de l’Ensemble UN. Une Main gauche qui garde, pour autant, au cœur et dans la paume le soin de faire rimer patrimoine expérimental et pédigrée grande classe. Pas de doxa collectiviste, pas de bréviaire sovkhosien. Full Yolo. Le combo valorise l'individu au sein du groupe et relance le « un pour tous ». C'est justement ce qui nous plaît ici. La façon dont le groupe tisse ses matières sonores, la fluidité impeccable avec laquelle il laisse cohabiter les idées survenues sur l’instant. Une seule contrainte connue : animer le son de l'Union, espace central du Confort. Des échappés du UN au sein de l'Union ? Y'aurait moins fédératrice comme idée. Pour le reste, ce sera plaisir d'offrir et joie de recevoir. Tout sera décidé sur place, ensuite, plus tard. Les ensembles et les sous-ensembles, la répartition spatiale des musiciens, le ciselage d'une résonance affranchie de toute amplification d'ensemble. Pas de loup, c'est flou, certes, mais aussi maîtrisé qu'excitant. Le son de chaque musicien jouera avec la place d'écoute de chaque spectateur. Concert unique pour tout le monde. Offert à pleines poignées.
Du lundi au vendredi : 12h / 18h
Du samedi au dimanche : 14h / 18h
ENTREE LIBRE
Jusqu’au 27 septembre, le club se transforme en salon d’écoute. Deux séries de travaux de Thomas Tilly sur le thème des relations entre la forêt et le monde des "modernes" proposées à l'écoute. En présence de l’artiste le vendredi 11 septembre.
Le club, salle de concert, se transforme en salon d’écoute pour deux pièces du compositeur Thomas Tilly enregistrées dans le cadre de plusieurs résidences au coeur de la forêt Guyanaise. Respectivement créées au terme de recherches de terrain sur les stations du CNRS aux Nouragues et aux alentours du village de Saül, "Script Geometry" et "A semiotic survey" donnent à entendre les complexités du sonore dans les forêts tropicales primaires. Dans ces expérimentations, ce qui intéresse l’artiste “c’est de proposer des renversements de focale en travaillant sur le non-humain ; d’essayer d'interroger l'hégémonie humaine dans la composition et la notion de musique.”.
Script Geometry (2014)
“Envisager la forêt comme une ville, une construction, un ensemble fait de strates et de verticalités où des signaux se répondent, s’opposent et s’ignorent. Cette densité dont les langages nous échappent met l’oreille à l’épreuve et laisse apparaître de temps à autre des analogies avec un environnement sonore moderne. Des câbles culturels rapprochent alors notre écoute de ces phénomènes acoustiques naturels de celle de la technologie : "ça sonne comme, ça ressemble à". Les timbres ? les structures des sons ? Il existe quelque chose dans une forêt tropicale qui sonne et joue comme de l’électronique, de la musique, du bruit électronique.”
A semiotic survey (2018)
“Si je devais (pour partie) préciser ce qui motive mon intérêt à travailler en forêt tropicale humide, je parlerais d'une inversion perceptible des proportions entre les êtres vivants humains et ceux non humains, et du fait indéniable de l'audibilité de cette inversion. Mais au-delà de renverser les proportions du vivant et de révéler une horizontalité des rapports entre les êtres, ce sont les problèmes cognitifs que posent cette inversion qui m'intéressent. Les surgissements de signaux inhérents à la forêt, ne sont régis par rien qui ne puisse être absolument compris ni anticipé par l'homme. C'est ici la mise en perspective de plusieurs strates de ces perturbations, et des sentiments qu'elles font émerger, qui m'intéresse : de l'électronique utilisée comme traduction des mes propres émotions et des plaintes émises par mes microphones saturés d'humidité, composés autour de phonographies des stridulations de fourmis Paraponera Clavata (bullet ants), où du bruit de fond d'une portion de forêt du littoral Guyanais (le chemin du Rorota).”
Thomas Tilly
MASQUE OBLIGATOIRE
Toujours bon de savoir faire le pont. Et The Bridge s’y entend à merveille. Pour la 13ème fois, le projet transatlantique remet musiciens français et chicagoans dans le lit du fleuve. Loin de se la couler douce, Pierre-Antoine Badaroux, Jean-Luc Guionnet, Jim Baker et Jason Roebke ont de quoi agiter leurs débats. Chacun rompu à l’héritage comme à la déconstruction, chacun aguerri à une maîtrise de son instrument qui laisserait coi un Bubka face à une barre à 2 m 45. Le niveau de jeu est très élevé, celui des ressources aussi. Et dans un projet au long cours tranquille qui entend revisiter les combinatoires de l’ébahissement, de la surprise avec la spontanéité, ce line-up a de quoi apparaître, au minimum, réjouissant. Côté USA, Jim Baker, pianiste mathématiques dont les équations glissent à l’aise, c’est logique. Jason Roebke complète cette rythmique sans batterie. Le bassiste, qualifié par ailleurs de génial quincailler, fouraille avec grâce côté tempo. Sur la French side, Jean-Luc Guionnet souffleur incandescent, taraudeur d’inconscient, fait équipe avec Pierre-Antoine Badaroux, archiviste soufflant, passeur de modernité au stock large ouvert. À eux quatre, ils sauront calmer les ardeurs des moins curieux d’entre nous, réveiller les élans des autres et conjurer le sort de ce Number thirteen de The Bridge.
Contenu de la situation actuelle, Jason Roebke et Jim Baker, tous deux, américains ne pourront être présents. Pour autant, une solution a été pensée pour la scène avec des enregistrements des deux musiciens.