Avec la plasticienne hollandaise Petra Dolleman, les trois virtuoses de l'électroacoustique live du trio E-Rax proposent une performance explosive et spectaculaire qui fait basculer les technologies du siècle dernier dans celui qui commence. Par une réappropriation étrange et avant-gardiste des objets sonores et visuels qu'ils produisent ou qu'ils captent, ils nous livrent une sorte de renaissance créative et visionnaire.

Hair Police
Avec plus d’une quarantaine de disques sortis sur les labels les plus obscurs, animateurs-dynamiteurs d’une scène qui ne jure que par Merzbow ou Black Dice et complices d’entités aussi malsaines que Wolf Eyes ou Sonic Youth, les Hair Police débarquent à Poitiers pour y déverser la férocité de leurs larsens. Guitare saturée, voix distordue, percussions punitives, machines diaboliques et décibels débridés forment le mur du son de ce trio à l’énergie rageuse. Leur dernier forfait, Certainty of Swarms (chez No Fun Productions) est le fruit de nombreuses années d’expérimentations soniques extrêmes et taillées pour le live.

Papier Tigre
Dans la lignée des productions Dischord (label mythique du rock washingtonien), deux guitares sinueuses, une batterie volontiers elliptique et une voix insistante balancent sans relâche entre les sonorités rock des années 90 et les explorations sonores de la scène contemporaine. Leur deuxième opus, The Beginning and end of now (Effervescence) a conduit les Nantais des États-Unis au Brésil en passant par la Chine et le festival ATP : une reconnaissance internationale à la hauteur de leur musique nerveuse et gracieuse.

Toujours aux avant-postes de la scène alternative, Arto Lindsay, guitariste, chanteur, compositeur, comédien, éternel agitateur, continue à mélanger les genres (post free jazz, no-wave noise rock, tropicalisme brésilien, électro lounge, hip-hop…) et à brouiller les pistes (de Bill Laswell à Caetano Veloso, de John Zorn à DJ Spooky, de Fred Frith à Daniel Ponce, de Laurie Anderson à Marc Ribot, des "Lounge Lizards" aux "Golden Palominos"…). Il crée, avec son trio, une musique à son image : fragile et radicale, précieuse et révoltée, totalement libre et parfaitement insituable.

Après avoir mis le feu au Carré Bleu l’an passé, les Spoo reviennent plus énervés que jamais, avec un set plus mûr, plus dur, plus lourd, plus... Spoo, quoi. Comme une espèce d’Albert Ayler joué par Meshuggah, leur musique emprunte à l’énergie volcanique du free jazz et s’acoquine sans complexe aux excès du rock le plus violent. C’est sauvage et beau, ça sent pas la violette, c’est pas là pour rigoler non plus, mais leurs concerts restent une des expériences les plus fortes du moment. Comme un 36 tonnes lancé à pleine vitesse, leur mur du son apocalyptique vous percute de plein fouet. Du bruit, de la fureur, du free qui sent la sueur, c’est un peu tout ça Spoo. Mais c’est aussi et avant tout de la musique. De celles qui font du bien, qui remettent les choses à leur place. Une sorte de musique Red Bull qui vous emmène au bout de la nuit. Idéale pour se mettre en jambe avant la fin de soirée électro qui suivra.
Et en attendant leur premier album, à sortir sous peu sur le tout nouveau label de Jazz à Poitiers...

Festival Micro Clima, Soirée SEX!

Le trio XXD est né de la résidence « Expérience des milieux » initiée par le collectif Ishtar de Bourg-en-Bresse.
Partant de lieux existants, de leurs habitants, humains, animaux, végétaux, de leur histoire, de leur environnement sonore, les membres du collectif (musiciens, danseurs, vidéastes, plasticiens...) s’en imprègnent, s’en emparent, les colorent pour les transposer, les recréer, les faire voyager vers de nouveaux horizons.
De toutes ces expériences vécues en extérieur, le jour, la nuit, à la campagne, en ville... une envie commune est née : les faire renaître à l'intérieur d’une salle de concert. Imposer un lieu, des lieux, des milieux, à un autre espace. Ou peut être l'envie de libérer les boîtes noires, de leur permettre de devenir usines, étendues d'herbe, d'être traversées par un tracteur, un avion, une colonie de fourmis....
Mêlant jeux de lumières et matières sonores pour un plaisir des sens décuplé, ce trio nous plonge dans l’intimité d’espaces intérieurs oniriques. Un projecteur diffuse des pellicules grattées, transformées, sur un écran en papier calque. Guitare préparée et dispositif électro-acoustique développent une musique dense et concrète, tour à tour caressante ou brutale. Le son explose, bave, triture, s'étend, la lumière se projette dans l'espace de la pièce par des jeux d'objets devant le projecteur.
Du cinéma pour l’oreille, des sons plein les yeux, un petit tour du monde, des mondes, sans valise ni autre véhicule que son propre imaginaire...

En première partie : Eagle Twin

En une douzaine d’années, Stephen O’Malley et ses sbires se sont fait plus qu’un nom, devenant pour l’obscure scène du « drone metal » un véritable mythe. Un nom qui tient d’ailleurs plus de l’hommage à la célèbre marque d’amplis Sunn (qu’ils empilent consciencieusement sur scène jusqu’à réaliser un véritable mur) qu’à un rapport direct à l’astre solaire (leur musique étant désespérément sombre).
Entre performances noisy et véritables messes noires, leurs concerts donnent lieu à des prestations particulièrement éprouvantes, jouées à des niveaux sonores totalement indécents. Mais chez eux, comme chez Keiji Haino par exemple, ni inconscience, ni masochisme. Seulement une volonté de créer un bloc sonore dont les reliefs, les résonances, le ressenti physique et les infinis détails qui naissent de la propagation des ondes ne peuvent prendre corps qu’à de très forts volumes.
Un événement rare en France, à ne manquer sous aucun prétexte !

À écouter : « Monoliths & Dimensions (Label Southern Lord Records).

17h (entrée libre)

Erwan Keravec : (France)
(cornemuse)
Experimental biniou
Forcément, avec un patronyme comme ça et un tel instrument, on est en droit de s’attendre à ce que ça bretonne à tous vents. Sauf que... Quand cette poche d’air qui grince se retrouve entre les mains de celui qui fait hurler les gardiens du temple trad’, on oublie tous les préjugés et on ouvre grand ses esgourdes, hypnotisé, pour un voyage qui dépasse largement les terres celtiques. Quand le bourdon devient du miel pour les oreilles...

19h (entrée libre)

Bronzy Mc Dada: (France) Damien Grange (harmonica, batterie, voix, sampler)
Rural blues industriel
Né dans les champs de coton près de St Etienne, il a sillonné le bayou de Villeurbanne à Vénissieux et traîné ses guêtres et ses bretelles dans le delta du Rhône. Armé d’un bottleneck découpé dans un litron de St Joseph, d’un saz-dobro et d’un harmonica Kinder Surprise, entre Rémy Bricka et Mississipi John Hurt, Bronzy a le coup de blues plutôt jovial, le verbe haut de la France d’en-bas et un sens du rythme & bouse bien à lui.

À partir de 21h

Obscur : (Poitou) Éric Brochard (basse électrique)
Apocalyptic black noise
La contrebasse –bien trop discrète – au placard, Éric Brochard assume ses penchants les plus bruitistes et fomente depuis peu ce nouveau solo en forme d’attentat sonore.
Invoquant les jolis poèmes d’Aleister Crowley, il déroule une monumentale vague de sons industriels, sombres et crasseux à souhait. Un tsunami de basses fréquences à vous décoller le cortex.

Sun Stabbed : (France) Pierre Faure / Thierry Monnier (guitares, électronique, cassettes, objets...)
Ambient noise
Durs comme Sunn O))), méchants comme Sun Plexus, cosmiques comme Sun Ra et hypnotiques comme Sun Araw, ces Sun-là méritent de se faire une place au soleil même s’ils préfèrent s’éclipser discrètement... Tranchant dans la lumière à grand renfort de riffs acérés, ils laissent les larsens s’installer et convoquent les ténèbres. De résidus de blues qui défient un drone de passage en arpèges qui enflent en grondements orageux, un univers tourmenté qui finit par envoûter et au final faire ressurgir la lumière.

Megatsunami : (Italie) Luca Pertegato / Antonio Cavadini (Lumanoise, stroboscope, électronique)
Flash danceSorte de savants fous du son et lumière entre Professeur Tournesol et Louis Lépine, dont les cervelles hallucinées ont accouché par une nuit d’orage du Lumanoise
(en gros, un dispositif à base d’objets lumineux qui font du bruit), les Megatsunami relèguent Étienne de Crécy au rang d’animateur de fêtes foraines.
Leur big beat transe-alpin explose en feu d’artifice visuel et sonore, file des fourmis dans les jambes et donne une nouvelle dimension au dance-floor électro.

Ames Room : (Australie / France)
Will Guthrie (batterie) / Clayton Thomas (contrebasse) / J. Luc Guionnet (sax)
Minimal maximal terror jazz
C’est vrai, Ames Room c’est un peu jazz. Tendance plutôt free. Contrebasse / sax / batterie, tout dans la tradition quoi. Mais Ames Room c’est quand même un peu plus que tout ça. Surtout, ça va vite, ça va fort, très fort. C’est énervé, c’est sale, haché, boosté, un peu référencé mais digéré, recyclé et complètement réinventé. Un power trio comme le rock en rêve souvent, peut-être juste encore plus furieux et en tout cas méchamment jouissif et terrassant.

Le Lobe - Grand orchestre splendide
Orchestre « symphonique » d’improvisation, Le Lobe réunit une vingtaine de musiciens sous la direction de Claire Bergerault. Issus du classique, du rock, de l’électro, de l’impro, ils forment une espèce de méga-instrument, une banque de sons fabuleuse que la diva active à volonté, sans partition, à partir d’un code gestuel savamment élaboré. Elle dirige ses troupes au doigt et à l’œil, mais dans une forme de démocratie sonore participative où chacun a voix au chapitre d’une musique qui s’écrit dans l’instant, sans hiérarchie ni sectarisme.

À partir de 21h

Hyperbang - Plein les yeux, plein les oreilles
À l’ère de la 3D, du cinéma dynamique et du tout numérique, ces trois artisans s’acharnent à épuiser les ressources de l’argentique et de l’analogique, dans un festin sonore et visuel à vous retourner les synapses. Persistances rétiniennes et auditives, saturation des couleurs et des sons, Hyperbang remonte aux origines du chaos pour mieux révolutionner les sens, éblouir les oreilles et parler à nos yeux.

Rature - Freep - Hop
Ennemi public du bronx des canuts, porté par un flow en yaourt et les beats rageurs d’un sound system bricolé entre Emmaüs et Casto, ce brouillon de hip hop qui revendique le droit à l’erreur et les biffures remet les pendules de Flavor Flav à l’heure et renvoie Snoop Dog dans sa niche. Il se dit même que MCA n’aurait jamais dû écouter Rature...

Sun Araw - Psychedelic drone
La musique de Sun Araw (Cameron Stallones, échappé des Magic Lanterns) rampe, serpente comme une sorte de dub psychédélique teinté de drones humides. Une symphonie lo-fi aux effets narcotiques où les guitares égrainent des arpèges qui se croisent, se superposent jusqu’à l’hypnose. Les masses sonores enflent, se densifient mais tout en légèreté, le temps et l’espace se dilatent et les nappes réverbérées nous installent dans une bulle musicale, comme en lévitation dans une espèce de cosmos aquatique. Bon voyage.

Noël Akchoté, Roger Turner et Jean-Marc Foussat en concert au Carré Bleu, le vernissage de 3 expositions au Confort Moderne, avec une performance de Rainier Lericolais & Simon Fisher Turner le même jour... Quand les calendriers se télescopent, les équipes de Jazz à Poitiers et du Confort Moderne trouvent des solutions, rapprochent les univers et vous proposent deux soirées en une : le concert du trio programmé par Jazz à Poitiers, sera accueilli par le Confort Moderne dans ses murs.

« Musique libre… de tout soupçon, au moins. Et puis à trois, autant dire ensemble. Ça commence comme cela : une note, un plan-séquence, des rythmes, une idée, puis plusieurs. Parfois ça commence par la fin, souvent vers le début, et au milieu on ne sait déjà plus. Surtout qu’à trois tout le monde peut également disparaître, se fondre ou prendre le dessus. Enfin voilà, si j’en savais plus vous n’auriez, vous non plus, aucune raison de venir essayer ce trio-ci (ce triola !). Pas vous ? Nous, si. »
Voilà parfois à quoi l’on s’expose quand on demande aux musiciens quelques précisions sur leurs intentions musicales... Pas beaucoup plus avancé donc, et pourtant tout est dit. Quelle autre raison invoquer pour appeler à découvrir un tel trio ? Prendrions-nous autant de plaisir si l’on savait précisément ce qui va être joué ? Et eux ?
Et puis pour une fois on évite d’aligner les superlatifs. Pourtant... Roger Turner... Ah, Roger Turner... Et Akchoté ! Sans doute le plus... Quant à Jean-Marc Foussat, on pourrait dire qu’il...
Mais non, restons-en là. Trois musiciens de cette trempe, que voulez-vous qu’ils donnent à part un pur moment de jouissance auditive ? Oui, c’est vrai, bien d’autres choses encore...