À elles deux, les musiciennes n’atteignent pas l’âge d’être une mamie mais leur musique vient pourtant de très loin. Comme une chanson discrète chantée depuis des siècles. Les deux instruments dialoguent sans cesse. Les deux artistes sont parfaitement complices. La musique, elle, est faite d’éclats et de murmures, de rebonds aimables et de souffles. De murmures, plutôt. Des murmures déposés à l’oreille du monde. On entend, dans ce duo, le Laos et les chants entendus dans certaines vallées de France. Mamie Jotax s’invente des disputes mélodieuses, des consolations à l’unisson. Bref, de jolis trucs qui dansent parmi les textures et les matières sonores, qui excitent l’imaginaire de tous. Comme son nom se garde bien de l’indiquer, Mamie vient des terrains d’enfance, de spectacles pour kids comme Baby Jotax ou ça mijote. Aujourd’hui, Jotax se souvient de ces douces folies. 

Concert proposé dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien·ne·s émergent·e·s de jazz et musiques improvisées porté par AJC, avec le soutien du ministère de la Culture, la Fondation BNP Paribas, la Sacem, l’Adami, la Spedidam, le CNM, la SPPF, et l’Institut français.

Ground Zero to Major Tom, Ground Zero to Major Tom... Major Otomo, plutôt. Casqué comme une star mondiale au Japon, masqué comme un homme rare en Europe. Otomo va chercher avec ce duo l’équivalent de sa guitare bruitiste au paradis des tourne-disques. Guitariste-platiniste, versus saxophoniste électronicien, c’est le line-up et la règle de ce duo où souffle Chris Pitsiokos. Sur le papier, le combo platines vs saxophone n’est pas forcément vainqueur ; mon chat, posé à mes côtés quand j’écris ce texte, en témoigne. Mais Pitsiokos aborde le sax par sa face tranchante et le son prend son essor. Nait une noise très libre, hyper inventive où chaque matière, chaque sonorité déboule par surprise.C’est très intelligent. Fabriqué, empilé et ciselé avec une dextérité impressionnante. Éclairé par la lumière des comètes insolentes.

CONCERT ANNULÉ

Si d’aucuns jouaient du piano debout, Craig Taborn, lui, joue du piano solo. Répétitif et minimaliste d’apparence, son jeu loge le diable et le détail plus loin encore que dans l’héritage Reich/Glass. Au cœur même de l’intimité de sa musique. Lente et suspendue. C’est profond et complexe, souvent. Paradoxal, toujours. Le new-yorkais semble se plaire à saper, comme jamais, chaque motif inventé. À le démonter pour le remonter autrement, plus tard. Accordant, pointillant, lyricisant, Taborn greffe, avec une humilité jamais virtuose, les us et coutumes du free US sur l’héritage occidental. Pour faire court, il crée des quadrilles faussement naïfs puis les pilonne du moelleux militaire de basses imparables. Patterns mélancoliques contre zébrures incandescentes. Le genre de champs de bataille où il vaut mieux ne pas jouer debout.

Ça commence, ça démarre. Ici, l’impro ne met pas longtemps à trouver les voies de communication. C’est lumineux. Tout de suite. Que ce soit par la veine électro-acoustique, les traverses contemporaines ou la route du soleil Free, Lauroshilau trace. Complicité de l’interplay à toute épreuve, jeux de textures et nuances sonores, évidence impressionnante des récits. Tout feu tout bois. Rien de définitivement établi au sein du trio agité par Pak Yan Lau, Audrey Lauro et Yuko Oshima. Ici, on fissure d’anciennes formes musicales, là on remet l’expression créative au pied de la lettre. On procède par éclats, par explosions, par tensions. Pour dégager le terrain, la carte et le territoire avec. Et avoir le bonheur pur de jouer à réinventer l’énergie d’un réseau. Un endroit où la musique, tout simplement, peut avoir lieu. Tout de suite.

CONCERT ANNULÉ

C’est ainsi, il y a des paires d’as qui rachètent le game qui les accueille. Pierre et Marie Curie, celui de l’atome, les sœurs Goitschell, le ski alpin, Ricchi e Poveri, celui de la brillantine italo-pop. John Edwards et Mark Sanders ont plié celui de la rythmique free, à un Steve Noble près. Compagnons de Sunny Murray, de Roscoe Mitchell ou de Pete Brötzmann, ils ont étendu le bruit et la fureur d’une main toujours très classe. Classe aussi cette nou- velle collaboration avec Gabriele Mitelli, sax et trompettiste leader de ce trio. C’est du free avec effet, du jazz libre qui en fait beaucoup, de l’effet. Impossible de rester de marbre face à l’audace têtue et magistrale du groupe. Ajouter que le trio a sorti son disque sur un label appelé We Insist! n’enlè- vera rien à l’écume qui pointe à la commissure de vos lèvres après l’annonce de cette date.

TRIO OPHELIA HIÉ, MELISSA HIÉ, VASSILENA SEAFIMOVA

Attention lignes directes. Du groove à la transe, du neuf à l’ancestral, du Burkina-Faso aux Balkans. Les sœurs Hié ont la connexion facile. Celle de leurs racines africaines, de leurs origines Turka à la sono mondiale. C’est inextinguible et tendu comme un arc en pleine chasse. Et quand Vassilena Serafimova, vue avec les deux sœurs au cœur du Bengue de Fidel Fourneyron, rejoint le duo, la tension cède à l’explosion et à la danse. Sans limite de plaisir.

TOUTE LA PROGRAMMATION DE LA SOIRÉE

Le Festival À Corps s’installe pour la soirée au Confort Moderne et investit ses différents espaces : bar,  salles, La Fanzinothèque… Venez écouter, voir, manger, danser jusqu’à 1h30.

• 20h – 22h30
  Expositions
  Socio-economic Sands (Love Company) Sands Murray-Wassink
  En attendant l’orage Emma Pinoteau et Pierre Richard
  Les plus beaux mouchoirs de Paris La Buanderie
• 20h15
  Hope Hunt – DJ set
  Maxime Jerry Fraisse
• 20h30
  Again The Sunset
  Inga Huld Hàkonardòttir | Yann Leguay
  Entre concert et performance, Again The Sunset mine la matière à l’état brut et joue à multiplier les angles d’approche : un mouvement du corps, le son d’un matériau, la brutalité d’un geste, un début d’intonation, une fragilité harmonique… À coup de frappe sur une poutre de bois, le geste provoque le rythme minimal et lancinant qui porte un texte sorti des limbes, quelque part entre chien et loup.
• 20h15 + 21h15 + 22h30
  S’aimer fort (essai)
  Renaud Dallet
  Sous la forme de l’essai, le danseur et chorégraphe Renaud Dallet explore les prémices de la rencontre et l’enjeu de voir l’autre. On pourrait deviner à quel point on est touché par un premier contact, et ce qui pourrait primer c’est de s’aimer fort, sans voix.
  Sa création 2024, Voir, toucher, s’aimer fort, sera présentée au Festival À Corps.
• 20h30 + 21h + 22h15 + 22h45
  En attendant l’orage – Activation
  Emma Pinoteau | Pierre Richard
  Au loin le tonnerre gronde, les éclairs illuminent le ciel. Un orage aura peut-être lieu. Mais pour l’instant, retrouvons Pierre Richard et Emma Pinoteau pour l’activation de certaines des pièces de leur exposition En attendant l’orage.
• 20h30 + 21h15 + 22h30
  Métamorphose
  Naïs Haïdar
  Habitué au m.tissage culturel réunionnais, imprégné des traditions mahoraises, Naïs Haïdar façonne une danse singulière à la croisée de plusieurs esthétiques allant du break au new style en passant par l’électro.
• 21h30
  Trio Ophélia Hié, Mélissa Hié, Vassilena Serafimova
   
• 23h
  None Sounds
  Révélation des dernières Trans Musicales de Rennes, le duo ouïghour None Sounds joue une techno live et hypnotique qui veut réconcilier le passé, le présent et le futur. Avec ses boucles labyrinthiques et instrumentales, rappelant The Chemical Brothers ou Aphex Twin, il vous invite au voyage, convoquant l’Orient et les steppes d’Asie centrale pour transmettre l’héritage de leurs ancêtres.
• 00h
  DJ sets

Vendredi 16 décembre : La boum - à partir de 20h

Le Confort Moderne vous propose un noël décalé et festif ! Au programme du vendredi soir, on se réchauffe sur la piste de danse avec une boom ambiancée aux rythmes des lives de Why The Eye et Bothlane &  des dj sets de Kemicalkem et la Chineuse. Le lendemain, Le Confort Moderne fait son marché avec de belles créations "Made in Confort" suivi d’un Blind Test fun et décontracté ! Profitez également du dernier week-end des expositions ! 

Why the Eye est un quatuor masqué formé autour d’instruments D.I.Y. Le quatuor aux masques étranges et poilus délivre une musique hypnotique et brute qu’ils qualifient de « Techno Préhistorique ». Leur premier album éponyme est sorti en 2017 sur les labels Plynt & Ångström. Leur musique tribale-noisy-expérimentale ébranle les corps en transe et garanti un résultat low-fi et velu ! 

Projet solo du batteur Alain Deval (The Brums, Ginger Bamboo, Quark, Anu Junnonen … ) Bothlane est un mélange de batterie et de synthé-modulaire inspirant la trance et la danse. Il puise son inspiration tant dans la techno que dans les rythmiques afro/jazz ou simplement dans la texture sonore. Pas de barrières, juste une manière fougueuse et brute d’aborder la musique et le son.

Kemicalkem est un passionné, il vit pour la musique depuis des décennies en puisant de nouvelles sonorités au gré de de ses voyages innombrables à la rencontre de nouveaux styles. Il embrase les dancefloors des fins de soirées de festival en puisant dans le rock : le méchant, le rétro, celui qui joue dans les stades et dans les squats. Comme dans la vie, Kem n’a pas de barrière et de jugement pré-conçu. 

La Chineuse ne fait pas que dépoussiérer ou mettre en avant les morceaux qu'elle glane ça et là. En les associant dans ces sets DJ elle crée un monde. Un monde souvent méconnu, un monde où notre regard se perd sur des horizons orientaux, africains, sud-américains ou autres. Ce monde sans limites de temps, d'espace ou de style nous ouvre des possibilités de cohabitations musicales infinies. C'est avec humilité et sincérité qu'elle vous invite à partager cet univers sonore qui est le sien.

Samedi 17 décembre : Confort Market + Blind test à partir de 14h

Les habitants du lieu vous proposent un large choix de productions made in Confort Moderne : multiples de l’OH/ Le Confort Moderne (sérigraphies, micro-éditions, catalogues d’exposition, disques vinyles et vêtements) des éditions et sérigraphies du labo de la Fanzinothèque et une sélection de la librairie à prix doux. 

Pour un Noël décalé en famille, entre ami.e.s ou en solo, quoi de mieux qu’une après-midi blind test ? Avis aux amateurs de musiques actuelles, venez tester votre culture musicale avec un quizz fun et décontracté pour tenter de gagner des productions made in Confort Moderne ! 

Attention légende. Derrière cette accroche un peu tapageuse, il y a une vérité vraie. Celle d’un musicien hors-norme et pleine marge. Un musicien qui revendique le solo comme « la forme la plus pure de l’expression » d’un artiste. Celle où le fard fond comme beurre au soleil de Bretagne. Voici donc une légende, un copain de Braxton, de John Zorn et de la clique à bruit mondiale, un as de la démarche musicale artisanale, le chantre DIY du free fabriqué à la main, avec ciseaux et feutres. Comme un gamin dans sa chambre. Sur disque, Chadbourne reprend Coltrane et son Naïma avec banjo sous overdrive, piston, râteau, cage à oiseaux. Sur scène, impossible de rapprocher ce qui est joué de quoi que ce soit de vu ou de connu. C’est bancal, jamais juste mais toujours super intelligent, donc touchant et magnifique.

___

Le festival Sonic Protest œuvre, depuis 2003, à la diffusion des singularités qui sonnent. Ce rendez-vous dédié aux grands-écarts-qui-font-du-bien donne à entendre des artistes à la dimension historique tout autant que des jeunes pousses qui défrichent... Cette manifestation nomade, joyeuse et généreuse crée, à chaque édition, un parcours d’écoute aux étapes aussi distinctes les unes des autres, à Paris, tout autour et même ailleurs, dont Poitiers en collaboration avec l’OH / le Confort Moderne et le Lieu multiple.

Face au free chantant, reste à voir qui du cœur ou de l’oreille fait boom. Toujours marrant, d’ailleurs de voir comment la raison bataille avec la passion face à un set de free. Et ce n’est certainement pas le Percussion Quartet de Dave Rempis qui résoudra le problème. Impro très classe, circulation des idées et des énergies très rapide. La question, elle est pas vite répondue. Mais à ce train-là, et c’est très heureux, il y a du bonheur à vivre. Dans ce quartet presque symétrique mené par le sax chicagoan, se côtoient en parité égale free qui tabasse et soin extrême de la mélodie. De quoi contenter les contempteurs, de quoi cajoler les enjôleurs. Écouter The Long Haul, album de 2020, et son long décompte, Clock Ticks. Tout est là, réglé comme un coucou suisse en vacances dans une soute à bagages.

À cette période, Le Confort Moderne accueille le camp de base des Rencontres de printemps du Méta qui se déroulent du 14 au 19 mars. La soirée se terminera autour de la piste de danse, avec un DJ set d'Amos Zatopek : ce sont les Métaplatines !

Toutes les informations sur www.le-meta.fr

Du grand volume pour les petits tympans, c’est Mariachi pour les enfants. Sombrero et moustaches brillantes ? Brillante, Nina Garcia, l’est, oui. Définitivement. Pour le reste, Nina n’est pas la fille du sergent. Tant pis pour les porteurs de sombrero, ce mariachi-ci joue plutôt pour réveiller les morts. Avec une gageure parfaite pour cette adaptation aux minots : baisser le volume sonore habituel des musiques noise en conservant la même intention. Énervée, viscérale, pleine d’infrabasse cracras et de larsens mal peignés, la guitare de Nina. Pleine de musique, aussi, de détails impressionnants qui se laissent prendre par l’oreille au fil du set. Voir Mariachi, c’est certes se sentir un peu comme une piñata à l’approche d’une batte de baseball. Mais comme une piñata bercée par une petite brise d’automne quand même.